L’attaque brutale de Rouen revendiquée par l’État islamique se situe clairement en-dehors des limites que la Loi islamique fixe à l’utilisation de la violence

Dernière mise à jour: 22/04/2022 09:25:52

« Si Dieu n’avait pas repoussé certains hommes par d’autres, des ermitages auraient été démolis, ainsi que des synagogues, des oratoires et des mosquées où le Nom de Dieu est souvent invoqué. Oui, Dieu sauvera ceux qui l’assistent. Dieu est, en vérité, fort et puissant » (22,40). Ce verset du Coran est extrait d’un passage crucial où, pour la première fois, les fidèles de Muhammad reçoivent l’autorisation de combattre, de manière défensive, en réponse aux mecquois qui les avaient chassés de chez eux. Mais la raison pour laquelle il a toujours attiré l’attention des exégètes, c’est qu’il met au même niveau monastères (« ermitages » dans la traduction de Denise Masson), synagogues, oratoires et mosquées, comme autant de lieux placés sous la protection de Dieu. De ce texte, aussi bien que de plusieurs épisodes de la vie de Muhammad, l’Islam a toujours déduit la sacralité des lieux de culte. Dans ce cas aussi l’observation que nous avancions déjà à propos du massacre de Nice et de l’attentat de Médine est valable, c’est-à-dire que l’attaque de Saint-Étienne-du-Rouvray revendiquée par l’État islamique se situe clairement en dehors des limites que la Loi islamique fixe à l’utilisation de la violence. Comme cela se produit souvent, cette réalité se prête à deux lectures différentes : la première consiste à dire, une fois de plus, que “cela n’est pas l’islam”. Observation techniquement correcte, mais qui risque l’auto-absolution, avec des complications « complotistes » éventuelles. La seconde est de se demander comment on en est arrivé à cette dérive homicide. Un processus douloureux, certes, mais beaucoup plus utile. En ce qui nous concerne, nous ne pouvons que rappeler les paroles placées en exergue de notre revue, prononcées par Saint Jean-Paul II à l’occasion de sa visite historique à la mosquée des Omeyyades en Syrie (2001): «les Musulmans et les Chrétiens honorent pareillement leurs lieux de prière, oasis où ils rencontrent le Dieu Miséricordieux dans leur voyage verse la vie éternelle, et où ils rencontrent leurs frères et leur sœurs en religion». Oui, c’est encore ainsi. Les croyants sauront se reconnaître.