Dernière mise à jour: 22/04/2022 09:42:30

« Un petit concile du Moyen-Orient » : c’est par ces mots, durant la présentation de l’exposition Abàna du dimanche 10 octobre, que P. Pizzabella, custode de Terre Sainte, a défini le Synode pour le Moyen-Orient qui est en cours au Vatican. Les images des quasi 200 Pères synodaux qui dans la variété des parements liturgiques se serrent autour de Benoît XVI pour la célébration de la Messe inaugurale ont montré de manière visible la riche expression de l’Église catholique dans cette région. Mais d’où vient l’idée de rassembler à Rome tous les Évêques du Moyen-Orient ? De manière synthétique, on pourrait dire que le Synode est né en Irak et en Terre Sainte. En Irak, la situation dramatique avait poussé certains Évêques, il y a déjà quelque temps de cela, à demander une aide et une confrontation avec toute l’Église. Puis est arrivé le grand pèlerinage de Benoît XVI en Terre Sainte et la rencontre avec les communautés chrétiennes, toujours plus éprouvées par l’émigration. Le Synode est d’une certaine manière la continuation de ce pèlerinage et du voyage successif à Chypre. La grande variété des différentes traditions liturgiques et spirituelles trouve son expression la plus suggestive dans la prière de Tertia que les Pères synodaux récitent avec le Saint Père. Chaque matin, elle est confiée à un rite particulier. Après les latins, ce fut, jusqu’à présent, le tour des coptes, des syriaques et des grecs-melkites. On voit ainsi les Évêques « de service » se réunir autour du micro pour entonner la psalmodie selon une des langues antiques de l’Orient chrétien. Tandis qu’on écoute ces mélodies magnifiques, il peut arriver, l’espace d’un instant, d’oublier les mille problèmes qui meurtrissent ces communautés : problèmes internes (division entre les différents rites, rivalités) et problèmes dans le rapport avec la majorité musulmane ou — en Israël — juive. À chaque défi, le Synode a voulu offrir une recette limpide : Communion (au-delà des particularismes) et témoignage (envers les non-chrétiens). Mais il s’agit maintenant de traduire ces catégories en indications concrètes pour répondre aux mille questions mises sur le tapis : liberté religieuse, diaspora, émigration, œcuménisme, modes d’exercice de l’autorité des Évêques et des Patriarches. Ce ne sont pas des questions qui concernent uniquement les spécialistes. Le Moyen-Orient est aujourd’hui une scène géopolitique de la plus grande importance qui a des répercussions continuelles même dans notre vie quotidienne. Les églises orientales partagent également avec les orthodoxes la manière de prier et de célébrer la Messe et donc ils mettent en évidence avec une plus grande clarté que la division n’a pas de réels fondements théologiques. Ce qui ne signifie pas naturellement qu’elle soit facile à dépasser, parce que la politique n’est pas un terrain moins miné que la dogmatique. Mais c’est le Pape qui a offert la perspective la plus ample et la plus profonde sur le Synode. Tout en improvisant une méditation vertigineuse, Benoît XVI a situé la difficulté de l’Église au Moyen-Orient au sein du tourment de toute l’Église. Si au Moyen-Orient c’est surtout l’idéologie terroriste qui menace la vie, en Occident les pouvoirs financiers et les mentalités dominantes rendent l’homme esclave jusqu’à le détruire. C’est un lutte sans merci. Les armes pour la combattre sont toujours les mêmes, au Moyen-Orient comme ailleurs : la communion et le témoignage. © Reproduction réservée