J. Prades, Occidente: l’ineludibile incontro (Occident, l’inévitable rencontre), Edizioni Cantagalli, Siena 2008

Dernière mise à jour: 22/04/2022 09:35:13

Le travail de Javier Prades López, professeur de Théologie Dogmatique auprès de la Faculté de Théologie San Dámaso de Madrid, analyse en trois essais la nature inévitablement dialogique de l’Occident et plus particulièrement de l’Europe, retrouvant dans la réflexion théologique-anthropologique la racine d’une acceptation du dialogue qui ne peut être simplement vécue comme tolérance d’un fait historique précis, celui justement de la rencontre entre civilisations, ou du métissage. Saisir les racines d’un tel dialogue permet non seulement de se mettre en relation avec les réflexions contemporaines sur la rencontre entre les cultures, mais cela permet aussi de donner des réponses concrètes à certaines urgences actuelles, comme le terrorisme. Le premier essai — Multiculturalisme, tradition, métissage — analyse certaines catégories fondamentales qui peuvent enrichir le débat actuel. Les réflexions contemporaines sur le multiculturalisme ne semblent pas atteindre des conclusions convaincantes, dans le cadre d’une société globalisée et post-industrielle. La rationalité qui mène à cette réflexion montre qu’elle ne peut plus être considérée comme une simple rationalité technico-instrumentale, tandis que serait judicieux un retour à l’expérience concrète de la rencontre de civilisations à travers la présence de groupes ethniques dans les sociétés occidentales. Dans ce contexte, le dialogue ne peut être une simple acceptation de l’autre ni un relativisme des valeurs et en rapport avec la tradition, mais il se fonde sur la structure commune de l’expérience humaine. Tout bien considéré, des réflexions insatisfaisantes sur le multiculturalisme contemporain nous sommes arrivés à la réflexion sur les fondements anthropologiques et théologiques de l’expérience humaine. C’est justement à ces thèmes qu’est consacré le deuxième essai — Liberté de conscience dans le dialogue interreligieux — avec une référence particulière au dialogue interreligieux dans l’essence duquel se retrouve le dialogue authentique entre les hommes, parce qu’il est fondé sur la liberté de conscience. A première vue, il semble que l’affirmation du caractère absolu du christianisme se heurte à un dialogue authentique entre fois et religions. En réalité, c’est justement dans l’affirmation authentique de la vérité du christianisme qu’on peut rencontrer l’autre. En se référant à différents documents du Magistère, il est possible d’éviter le risque d’une relativisation de la vérité du christianisme, d’une séparation entre la sphère publique-communautaire et la sphère privée, et d’une communication défectueuse de la vérité elle-même. C’est justement dans la manifestation de cette vérité que nous pouvons rencontrer certains critères de méthode valides universellement dans l’annonce évangélique. Liberté et vérité, en un cercle vertueux, permettent d’éviter le hiatus entre l’adhésion du croyant et la reconnaissance de la vérité personnelle du Christ comme la vérité absolue. Dans le témoignage, et dans son caractère radicalement communautaire, il sera possible de saisir les caractères cristallins de l’annonce et du dialogue entre les religions. Le troisième essai — L’homme chrétien face au terrorisme nihiliste — analyse, en se référant à la réalité globale mais avec un regard plus spécifique à la réalité espagnole, les racines anthropologiques du phénomène terroriste, où l’homme comme imago Dei est abîmé dans sa valeur la plus profonde, et où les références fondamentales de l’anthropologie, qui mettent en communication synergique l’universel et le particulier, sont lacérés. La réflexion sur le terrorisme comme la négation de l’identité et de la vocation de l’homme, permet au contraire de décrire les mêmes fondements anthropologiques, niés mais non annulés par le terrorisme nihiliste. Dans ce parcours, s’insèrent les réflexions théologiques et du magistère, mais aussi l’issue plus mûre de la pensée dialogique contemporaine. La dimension constitutive moi-l’autre de l’humain peut ainsi trouver sa place au sein d’institutions justes, où le peuple chrétien se retrouve comme un peuple seul au milieu de nombreux autres peuples. La dimension de la paix et de l’éducation devient enfin un moment décisif et nécessaire pour un témoignage authentique de la tradition, sur la base de laquelle l’Europe peut devenir complètement ce qu’elle est appelée à être, c’est-à-dire un lieu de rencontre des civilisations.