Depuis le déclenchement des révoltes en 2010-2011, les épisodes de protestation sont devenus une constante dans plusieurs pays arabes. Mais quels sont les facteurs démographiques qui déterminent la participation citoyenne aux manifestations de rue ?

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Dernière mise à jour: 22/04/2022 10:04:07

Depuis le déclenchement des révoltes en 2010-2011, les épisodes de protestation sont devenus une constante dans plusieurs pays arabes. Mais quels sont les facteurs démographiques qui déterminent la participation citoyenne aux manifestations de rue ? L'analyse quantitative données recueillies par l'Arab Barometer individue principalement trois indicateurs : le sexe, l’âge et l’éducation. Et il dément le récit selon lequel les révoltes seraient des mouvements composés des groupes sociaux les plus pauvres contre les groupes les plus riches.

 

Depuis la fin de l’année 2010, lorsque les premières manifestations de rue ont éclaté en Tunisie, réagissant à l’auto-immolation d’un jeune marchand ambulant, les mouvements de protestation sont devenus une constante dans la région MOAN (Moyen-Orient et Afrique du Nord). En 2011, l’espoir initial de transitions démocratiques pacifiques a laissé place à la crainte d’une instabilité croissante, de guerres civiles et d’une montée islamiste[1]. C’est pourquoi, au cours des années suivantes, une partie de la communauté internationale a soutenu – ou du moins toléré – les tentatives des principaux régimes de la région de consolider leur pouvoir autoritaire, évitant ainsi une plus grande instabilité[2]. Cependant, ces tentatives n’ont pas eu beaucoup de succès. Ces dernières années, de nouvelles vagues de protestation ont éclaté, culminant avec les mouvements de masse de 2019 ; ceux-ci ont mis fin aux présidences d’Omar el-Béchir au Soudan et d’Abdelaziz Bouteflika en Algérie, qui duraient depuis des décennies, et ont ébranlé le statu quo politique au Liban et en Irak.

 

Cet article vise à fournir un exemple rare d’enquête quantitative sur les caractéristiques de la participation aux manifestations dans le monde arabe au cours de la dernière décennie, en utilisant les données recueillies dans la troisième et la cinquième enquête de l’Arab Barometer. Le temps écoulé entre ces deux cycles – les données de la première ont été collectées en 2012, mais concernent les manifestations de 2011, tandis que les données de la seconde ont été collectées entre la seconde moitié de 2018 et la fin de 2019[3] – couvre presque une décennie depuis le début du Printemps arabe. Plus précisément, cet article analyse le rôle des paramètres démographiques inclus dans les sondages comme déterminants de la participation aux protestations et leur évolution de 2011 à 2019, dans le but de dresser un profil démographique des manifestants dans la région.

 

 

Méthodologie

 

La participation aux manifestations est analysée dans sept pays de la région MOAN – Maroc, Algérie, Tunisie, Égypte, Soudan, Jordanie et Liban – sélectionnés sur la base de deux critères. Premièrement, les données relatives à ces pays sont disponibles pour la troisième et pour la cinquième enquête de l’Arab Barometer. Deuxièmement, d’importants mouvements de protestation ont eu lieu dans les sept pays en 2011 et/ou dans les années suivantes, notamment en 2016 et en 2018-2019.

 

Les sondages pris en compte permettent de classer les répondants en fonction de leur région (ou province) d’origine dans le pays concerné. Afin de ne pas négliger les importantes différences économiques, politiques et culturelles qui existent souvent entre les différentes régions de chaque pays, les déterminants de la participation aux manifestations ont été analysés à l’aide d’un modèle de régression logistique multivariée à deux niveaux pour les différents pays (répondants-régions) et d’un modèle à trois niveaux pour l’analyse de l’ensemble de la région (répondants-régions-pays). La participation aux manifestations a été utilisée comme variable binaire dépendante[4], tandis que les indicateurs démographiques inclus dans les sondages ont été utilisés comme variables indépendantes. Ces indicateurs sont le genre, l’âge[5], le niveau de revenu[6], le niveau d’instruction[7], la situation professionnelle[8] et la résidence en milieu urbain ou rural[9]. En outre, une autre variable a été ajoutée, correspondant à la question du sondage « Priez-vous chaque jour ? »[10] comme indicateur du niveau de religiosité individuelle.

 

Des régressions logistiques multivariées à deux niveaux ont été utilisées pour mener l’enquête sur une base nationale, incluant tous les indicateurs démographiques mentionnés ci-dessus en tant que variables indépendantes. En revanche, pour les données agrégées de tous les pays considérés, des régressions logistiques multivariées à trois niveaux ont été utilisées pour chaque collecte de données, utilisant les mêmes variables à la fois comme effets fixes et aléatoires.

 

 

Analyse des données agrégées

 

Un premier élément significatif qui ressort de l’analyse des données est la tendance à l’augmentation de la participation aux manifestations au cours de la décennie en question. Les graphiques 1 et 2 comparent les pourcentages de ceux qui ont participé aux manifestations sur l’échantillon total des répondants en 2011 et en 2018-2019, tant au niveau régional que national. Au niveau régional, le pourcentage de participants a presque doublé (de 9 % à 17 %). La croissance se vérifie dans tous les pays considérés, à l’exception de la Tunisie, où la participation a légèrement diminué. Par conséquent, bien que les médias internationaux n’aient pas accordé beaucoup d’attention aux manifestations qui ont eu lieu dans les pays arabes ces dernières années (contrairement à ce qu’ils avaient fait lors du Printemps arabe de 2011), près de dix ans plus tard, la proportion de citoyens qui déclarent participer à des manifestations de rue a presque doublé. En Algérie, au Maroc et au Liban, le pourcentage a plus que doublé entre les deux cycles (il est presque cinq fois plus élevé au Liban, et presque trois fois plus au Maroc et en Algérie). Le cas de l’Égypte est particulièrement révélateur : les mesures répressives draconiennes, introduites par le régime mis en place après le coup d’État de 2013[11], n’ont manifestement pas réussi à empêcher une légère augmentation de la participation aux manifestations.

 

 

Graphique 1 – Pourcentage de ceux qui ont participé aux manifestations sur l’échantillon total des répondants

Sur l’axe x : la seconde et la cinquième enquête de l’Arab Barometer. Sur l’axe y : le pourcentage de répondants ayant affirmé qu’ils avaient participé aux manifestations au moins une fois.

 

Graphique 2 – Pourcentage par pays de ceux qui ont participé aux manifestations

Sur l’axe x : les sept pays pris en considération. Chaque colonne représente une des deux enquêtes de l’Arab Barometer (gch : troisième enquête ; dr : cinquième enquête). Sur l’axe y : pourcentage de répondants affirmant qu’ils ont participé aux manifestations de rue au moins une fois.

 

L’analyse des déterminants démographiques au niveau agrégé montre également certains changements[12] : seuls le genre, le niveau d’instruction et l’âge restent des éléments significatifs entre les deux cycles. Leur évaluation confirme l’hypothèse initiale selon laquelle les personnes les plus susceptibles de prendre part aux manifestations dans les pays arabes sont les hommes instruits et plus jeunes que la moyenne. Si l’on compare les coefficients prédictifs, aucune différence significative n’apparaît entre les deux cycles.

 

De plus, alors que le revenu et le clivage urbain-rural étaient des indicateurs significatifs de la participation en 2011, ils ne le sont plus en 2018-2019 (dans cette dernière enquête, le clivage urbain-rural n’est significatif que dans l’intervalle de confiance de 90 %). En 2011, les personnes ayant un revenu moyen-élevé étaient les plus susceptibles de participer au Printemps arabe, ce qui contredit le récit décrivant les révoltes comme des mouvements composés des groupes sociaux plus démunis contre les groupes plus riches.

 

L’examen des modèles qui traitent une variable indépendante à la fois fait émerger d’autres éléments intéressants. Par exemple, dans les deux vagues, le fait d’être moins religieux est positivement et significativement lié à la participation. Cela signifie que même si les mouvements islamistes ont prévalu au lendemain des émeutes de 2011, ce sont probablement les personnes les moins religieuses qui ont pris part aux manifestations. Ce qui contredit une autre perception assez répandue selon laquelle les mouvements islamistes auraient été les protagonistes des émeutes de 2011 et, surtout, des périodes de transition.

 

 

Analyse par pays

 

Alors qu’au niveau agrégé, le niveau d’instruction, le genre et l’âge apparaissent comme les seuls déterminants significatifs de la participation aux deux vagues, l’analyse au niveau national révèle un tableau moins uniforme, avec des différences importantes entre les pays considérés.

 

Algérie. Les résultats des régressions multivariées sur les données de l’Algérie pour la troisième et la cinquième enquête de l’Arab Barometer montrent que c’est le seul cas parmi ceux considérés, pour lesquels nous ne disposons que d’un seul indicateur significatif pour les deux cycles, à savoir le genre. Le fait d’être un homme est la seule caractéristique démographique associée à la participation aux manifestations. Dans les deux cycles, la religiosité n’est significative que dans l’intervalle de confiance de 90 % ; être moins religieux que la moyenne n’est que faiblement corrélé à la participation. De même, l’âge (le fait d’être plus jeune que la moyenne) est quasiment insignifiant dans la première enquête, tout comme le chômage dans la seconde. En Algérie, les participants aux manifestations semblent donc provenir d’un large spectre social, qui comprend des groupes très différents. Le pays a connu d’importantes manifestations en 2011 et en 2019. Celles de 2011 se sont apaisées après que le gouvernement a introduit de généreuses mesures économiques. Toutefois, cette stratégie n’a pas pu être reproduite les années suivantes en raison de la forte chute des prix du pétrole et, par conséquent, de la faible marge budgétaire dont dispose le gouvernement. L’Algérie a connu de nouvelles protestations massives en 2019, qui ont marqué la fin des 30 années de présidence d’Abdelaziz Bouteflika. Ce nouveau mouvement, appelé Hirak, a continué tout au long de l’année 2019 à faire pression sur les dirigeants du pays pour qu’ils mettent en œuvre des réformes et ne s’est arrêté qu’avec le déclenchement de la pandémie de Covid-19[13].

 

Maroc. Au Maroc, les seuls éléments liés à la participation aux émeutes de 2011 étaient l’âge et le clivage urbain-rural. Avec l’Algérie, c’est le seul cas en 2011 où l’instruction n’a pas été un facteur déterminant de la participation. Au cours du Printemps arabe, les manifestants marocains étaient vraisemblablement plus jeunes que la moyenne et venaient des zones urbaines. Ce dernier point n’est pas surprenant car, traditionnellement, les zones rurales constituent une base de soutien solide pour la monarchie marocaine. La situation a toutefois beaucoup changé en 2018-2019. L’instruction et la moindre religiosité sont devenues des indicateurs importants de la participation, avec des coefficients positifs dans les deux cas : les personnes en moyenne plus instruites et moins religieuses étaient davantage susceptibles de participer, tandis que le clivage urbain-rural a perdu de son sens. Ceci, combiné à la forte augmentation du taux de participation global au Maroc entre les deux cycles, suggérerait une plus grande participation des citoyens des zones rurales. À cet égard, l’émergence en 2016 du Hirâk al-Rîf dans les régions berbérophones du nord du Maroc[14] pourrait avoir contribué à un déplacement partiel du cœur des protestations hors des grands centres urbains.

 

Tunisie. La Tunisie est communément considérée comme la seule transition démocratique réussie du Printemps arabe. Après une période de transition de trois ans, le pays a introduit une nouvelle Constitution démocratique en 2014. Ennahda, le principal parti islamiste qui a remporté les premières élections pleinement démocratiques du pays, a renoncé à former un gouvernement exclusivement islamiste et a formé des gouvernements de coalition avec des forces laïques depuis 2011. Après trois élections législatives et deux élections présidentielles réussies, le nouveau système institutionnel démocratique de la Tunisie semble se consolider. Cependant, comme le montrent les chiffres, le niveau de protestation a plutôt légèrement diminué au cours de la dernière décennie. Les questions de croissance économique et de chômage, en particulier dans les régions intérieures plus pauvres, représentent toujours un lourd fardeau pour le développement du pays et la consolidation de son nouveau système démocratique[15]. Plusieurs manifestations ont été signalées ces dernières années, notamment dans les régions du sud[16]. Les manifestants ont continué de réclamer davantage d’opportunités d’emploi et des mesures contre la détérioration constante des conditions économiques des familles. Par conséquent, les principaux facteurs à l’origine du soulèvement de 2011 ne semblent pas encore avoir été traités de manière adéquate. Cette situation de stagnation se reflète dans les chiffres du pays, qui ne montrent pas de différences significatives entre les deux vagues. Étant donné que le chômage des jeunes, en particulier parmi les personnes les plus instruites, reste le principal problème du pays, l’instruction, l’âge et le genre se sont révélés être des indicateurs démographiques importants de la participation dans les deux cas.

 

Égypte. En Égypte, les manifestations de rue massives en 2011 ont forcé le président Hosni Moubarak à démissionner après 30 années au pouvoir. Depuis, le pays a traversé dix années de conflits et de troubles. Immédiatement après les soulèvements, les Frères musulmans égyptiens sont parvenus à dominer la scène politique du pays. Leur vitrine politique, fondée peu après le déclenchement du Printemps arabe, est devenue la force principale du nouveau parlement et, en juin 2012, Mohamed Morsi, l’un de ses membres les plus éminents, est devenu le premier président égyptien librement élu.

 

Cependant, le coup d’État du 3 juillet 2013 a brusquement interrompu la montée en puissance des Frères musulmans, ramenant le pouvoir entre les mains de l’armée. Dans les mois qui ont suivi, son chef, le général Abdel Fattah al-Sisi, est devenu le nouveau président du pays. Depuis, des mesures strictes, dirigées avant tout contre l’opposition islamiste, ont été introduites pour réprimer toute forme de protestation et de dissidence. Néanmoins, les données montrent que le taux de participation aux manifestations a légèrement augmenté par rapport à 2011, bien qu’à partir de 2013, la presse internationale n’ait donné que des informations sporadiques sur ces mouvements. En même temps, on observe de légers changements dans les déterminants de la protestation. Par exemple, alors que l’âge (être plus jeune en moyenne) n’était pas un indice significatif en 2011 – dans l’intervalle de confiance de 90 % – il l’est devenu en 2018-2019. Cela semble confirmer les rapports des manifestations qui ont éclaté en septembre 2019, décrites comme des manifestations menées par des jeunes, dont beaucoup étaient même trop jeunes pour avoir participé au soulèvement de 2011[17]. De plus, alors que le revenu était positivement corrélé à la participation en 2011, ce rapport a perdu de son importance en 2018-2019. Les manifestants semblent maintenant provenir d’un segment socio-économique plus large, y compris des couches les plus pauvres de la population. En outre, il est intéressant de noter que la religiosité n’était pas un élément significatif en 2011, mais qu’elle l’est devenue en 2018-2019, quoique de manière minimale. Cela pourrait révéler une légère augmentation de l’activisme des groupes islamistes tels que les Frères musulmans, en réponse à la répression et à leur exclusion de la vie politique du pays. L’instruction, le genre et le clivage urbain-rural sont des indicateurs forts dans les deux cycles, puisque les hommes instruits des zones urbaines semblent être le groupe démographique le plus susceptible de participer aux manifestations.

 

Soudan. Le Soudan a connu un changement radical dans les déterminants de la participation aux manifestations entre les deux cycles, ainsi qu’une augmentation spectaculaire du taux de participation. Bien que les Soudanais aient rejoint la vague de protestations régionale du Printemps 2011, les manifestations sont restées plutôt sporadiques par rapport à d’autres pays de la région. Elles ont eu lieu dans la capitale Khartoum et dans quelques autres zones urbaines situées dans des régions habitées par des populations traditionnellement discriminées par le gouvernement central[18]. Vers la fin de l’année 2011, les manifestations avaient presque cessé, tandis que l’attention de la nation était absorbée par la sécession tant attendue du Soudan du Sud, où se trouvait la plupart des gisements pétroliers du pays. Dans les mois qui ont suivi, le pays est entré dans une profonde crise économique due à la perte de ses principales sources de revenus, provenant principalement des hydrocarbures. Pour compenser le déficit budgétaire croissant, le gouvernement a introduit des mesures d’austérité dans les mois suivants, ce qui a entraîné une détérioration rapide des conditions de vie de la population. Une nouvelle vague de protestations a commencé en 2012, cette fois-ci impliquant également la population arabe des principaux centres urbains. Les années suivantes ont été marquées par des vagues périodiques de protestations et d’instabilité, tandis que l’économie montrait des signes de reprise[19]. Début 2019, un nouveau mouvement important de protestation a mis fin à la présidence d’Omar el-Béchir, qui avait duré 30 ans, et au début d’une période de transition conduite par un gouvernement formé par les dirigeants militaires et les représentants civils du mouvement de protestation.

 

Les chiffres concernant le Soudan reflètent clairement le profond changement déclenché par la sécession du Soudan du Sud. En 2011, le clivage urbain-rural (en faveur des zones rurales) et la religiosité (en faveur des individus en moyenne moins pratiquants) ont été confirmés comme déterminants majeurs de la participation. Les données de 2011 montrent également que le Soudan est, avec le Liban, le seul cas où le genre n’est pas significativement lié à la participation dans au moins une enquête. Le fait d’être un homme devient un déterminant important de la participation en 2018/2019, tandis que l’écart entre les zones urbaines et les zones rurales perd de son importance au profit de l’âge (privilégiant les citoyens en moyenne plus jeunes).

 

Jordanie. La Jordanie a été l’un des premiers pays qui ait connu un mouvement de protestation important, bien que relativement court, au lendemain des soulèvements en Tunisie et en Égypte[20]. En réponse aux manifestations, le roi Abdallah a nommé un nouveau gouvernement chargé d’élaborer des réformes politiques sur la base des demandes des manifestants ; toutefois, presqu’aucune mesure législative concrète n’a été prise par la suite[21]. Selon les observateurs, la faiblesse du mouvement est due à la santé relative de l’économie du pays ainsi qu’à la division et à la méfiance qui existent encore entre la composante transjordanienne et la composante palestinienne de la société. Dans les années qui ont suivi, le pays a connu une détérioration constante de ses conditions socio-économiques. Pour équilibrer un système économique devenu de plus en plus insoutenable, les gouvernements successifs ont introduit diverses mesures d’austérité[22]. En conséquence, de nombreuses nouvelles protestations ont éclaté, notamment en 2018 et 2019. Les données montrent cependant une légère diminution du taux de participation entre les deux cycles considérés, ainsi qu’un changement significatif des déterminants. Alors qu’en 2011, le genre, l’instruction et le revenu (en faveur de la moitié supérieure de la distribution des revenus) étaient les seules variables liées de manière significative à la participation, dans l’enquête de 2018 et 2019, l’âge (en faveur des individus en moyenne plus jeunes) et la religiosité (en faveur des individus en moyenne moins pratiquants) ont également gagné en importance. Le clivage urbain-rural (en faveur des zones urbaines) est aussi devenu légèrement significatif (dans l’intervalle de confiance de 90 %).

 

Liban. Le Liban n’a pas fait partie des pays les plus touchés par la vague de protestations en 2011, comme le montre le graphique 2. Cependant, dans les années suivantes, la crise socio-économique générée par la corruption et la mauvaise gouvernance, ainsi que par l’afflux de près de deux millions de réfugiés en provenance de la Syrie, a déclenché une nouvelle série de manifestations contre le système politique établi après la fin de la guerre civile en 1990. Depuis 2012, on observe des manifestations sporadiques avec une participation croissante[23]. En octobre 2019, un nouveau plan d’austérité introduit par le gouvernement de Saad Hariri pour faire face aux difficultés budgétaires et financières croissantes du Liban a provoqué une vague de protestations sans précédent dans tout le pays[24]. Bien que les sondages de l’Arab Barometer de 2018-2019 aient été réalisés avant le dernier mouvement de protestation, les données révèlent l’impressionnante augmentation de la participation aux manifestations observée ces dernières années. Cela dit, il n’y a pas eu de changement significatif dans les déterminants de la participation. Dans les deux cycles, l’âge (en faveur des individus en moyenne plus jeunes) est le seul indicateur fort de participation, tandis que l’instruction et le revenu (en faveur des individus en moyenne plus pauvres) ne sont que faiblement corrélés à la participation aux manifestations. Il est également intéressant de noter que le Liban est le seul pays où le genre n’est jamais lié à la participation.

 

 

Un processus encore actuel ?

 

Nous pouvons maintenant résumer les résultats pour chaque déterminant démographique analysé, en soulignant les continuités et les exceptions dans leur impact sur la participation.

 

Le genre. La pertinence persistante de la variable du genre – en faveur de la participation masculine – est une caractéristique de presque toutes les régressions présentées dans cet article (à l’exception de la première enquête au Soudan et du Liban). Les résultats reflètent une culture patriarcale, encore extrêmement présente dans la région, qui entrave la participation des femmes aux mouvements de protestation. Au niveau agrégé, le coefficient du déterminant du genre n’a que légèrement diminué entre les deux cycles, il est donc très peu probable que cet écart disparaisse à court terme. Par conséquent, en supposant que le niveau de mécontentement et de ressentiment des femmes arabes est similaire à celui de leurs homologues masculins, on peut conclure qu’en raison de cette discrimination culturelle, les mouvements de protestation actuels dans les pays arabes ne sont pas en mesure d’utiliser efficacement un vaste réservoir potentiel de participation supplémentaire.

 

L’âge. Les données montrent que, en 2011 comme en 2018-2019, l’âge a été un facteur déterminant de la participation. C’est pourquoi la définition de « révolutions de la jeunesse », que la presse internationale a commencé à utiliser immédiatement après le début du Printemps arabe, est appropriée. Dans la plupart des pays arabes, les jeunes générations ont été durement touchées par la détérioration de l’économie au cours des dernières décennies. Pour des millions de jeunes Arabes, l’impossibilité d’obtenir un emploi et un revenu adéquats signifiait que leurs projets de vie étaient bouleversés, qu’il s’agisse de former une famille ou d’accéder pleinement à l’âge adulte[25]. De plus, dans certains cas comme celui de l’Égypte, les reportages des médias sur les dernières vagues de protestations, près de dix ans après le Printemps arabe, montrent que la plupart des participants étaient trop jeunes pour avoir pris part aux soulèvements de 2011. Les manifestations de rue ne sont donc pas un mode d’opposition limité aux générations qui ont pris part aux soulèvements de 2011 mais deviennent la norme, même parmi les nouvelles générations qui n’ont pas participé aux mouvements de 2011[26].

 

Le clivage urbain-rural. La plupart des nouvelles sur les manifestations proviennent généralement des centres urbains. Les images les plus puissantes des émeutes de 2011 sont venues d’endroits comme la place Tahrir au Caire ou l’avenue Bourguiba à Tunis. En effet, l’analyse des données sur la participation aux manifestations montre qu’au niveau agrégé, le clivage urbain-rural n’a été un déterminant important de la participation qu’en 2011. Sur le plan national, il n’a été important que dans quelques cas, comme en Égypte (pour les deux cycles) et en Jordanie (bien que faiblement et seulement dans la deuxième enquête). Ces résultats suggèrent qu’il existe aujourd’hui des mouvements de protestation importants, bien que dispersés, dans les campagnes de la plupart des pays arabes, mais qu’ils ne sont ni signalés ni étudiés.

 

Le niveau d’instruction. Avec l’âge et le genre, l’importance du niveau d’instruction comme facteur déterminant de la participation à la protestation est l’élément le plus cohérent qui ressort de l’analyse. Il est lié de manière significative à la participation à un niveau agrégé aux deux cycles, et dans la plupart des analyses sur une base nationale. Cela peut s’expliquer en partie par le fait que les jeunes gens instruits font partie des groupes sociaux les plus touchés par la crise dans de nombreux pays arabes. En outre, ce résultat confirme les conclusions de la littérature sur la politique de protestation, qui tend à établir un lien direct et fort entre l’instruction et la volonté (et la capacité) de participer à des actions de protestation politique[27].

 

Le revenu. Les résultats liés à cette variable contredisent le récit dominant sur les révoltes arabes, souvent décrites comme une lutte entre les groupes sociaux pauvres et les groupes sociaux riches. Au niveau agrégé, le revenu est un indice de participation important dans la première enquête, alors qu’il perd de son importance dans la seconde. Il apparaît également comme un indicateur important dans plusieurs analyses à l’échelle nationale. Tous les cas d’appartenance à la partie supérieure de la distribution des revenus (au-dessus de la médiane) sont corrélés positivement à la participation, et non négativement comme on le pensait initialement. Ces résultats confirment les plus récents courants de la littérature étudiant l’impact du statut socio-économique sur la participation aux manifestations, tels que la théorie des ressources[28] et la théorie du pouvoir relatif[29], selon lesquelles le statut économique est décisif pour déterminer si les individus peuvent se permettre de consacrer le temps et les ressources nécessaires pour participer aux mouvements de protestation. Cependant, le fait que la variable du revenu perde de l’importance dans la deuxième enquête peut s’expliquer par l’augmentation drastique de la participation globale au cours de la dernière décennie. La participation semble également s’être étendue aux groupes sociaux marginalisés qui, auparavant, ne voulaient ou ne pouvaient pas participer aux manifestations, ce qui fait que le revenu n’est plus un facteur déterminant.

 

Le chômage. Le chômage est probablement le plus faible indice de participation aux manifestations parmi ceux considérés dans cette analyse. Il n’est pas pertinent lorsqu’il est considéré avec les autres variables indépendantes, ni à un niveau agrégé ni sur une base nationale.

 

La religiosité. Un autre aspect intéressant qui ressort de cette analyse concerne les résultats relatifs au rôle de la religiosité des individus dans leur détermination à participer à la manifestation. En effet, surtout en 2011, l’émergence des mouvements islamistes comme acteurs puissants (parfois les plus puissants) des émeutes aurait pu être interprétée comme une preuve du rôle important joué par la religiosité dans les protestations contre les régimes autoritaires (généralement) plutôt laïques. Toutefois, la religiosité s’est avérée être un indicateur non significatif de la participation au niveau agrégé dans les deux cycles ; en revanche, au niveau national, son lien dans les sondages de 2011 est toujours inverse, c’est-à-dire que les personnes les moins pratiquantes étaient les plus susceptibles de participer. Mais le plus surprenant est que ce lien inverse s’affaiblit dans l’enquête 2018-2019. Au niveau national, on trouve même deux cas (Égypte et Tunisie) où une plus grande religiosité est liée (quoique faiblement) à la participation, bien que ces dernières années les mouvements islamistes ne semblent pas avoir joué de rôle significatif dans les manifestations, du moins jusqu’à présent. À la lumière de ces résultats, la dynamique entre religiosité et participation à la politique de protestation dans la région MOAN doit être approfondie.

 

En résumé, on peut affirmer que le noyau dur de ceux qui ont participé aux manifestations des deux cycles était composé de citoyens masculins instruits. De plus, les données montrent un rôle limité (bien qu’important dans certains cas) des autres variables démographiques considérées, notamment le revenu. Ces résultats semblent confirmer la littérature qui considère la classe moyenne instruite comme le groupe social le plus important lorsqu’il s’agit d’organiser et de participer à la politique de protestation[30]. Enfin, il est possible d’affirmer que l’image qui se dégage de cette analyse dépeint une situation de conflit constant et croissant dans toute la région. Selon de nombreux chercheurs, les dynamiques qui ont déclenché les révoltes arabes en 2011 ont presque complètement disparu[31]. Contrairement à cette idée, ces dynamiques pourraient avoir été encore exacerbée par la récente crise socio-économique provoquée par la pandémie de coronavirus et par la chute des prix du pétrole. Cela pourrait signifier que nous sommes confrontés à un processus encore actuel de transformation sociale et politique qui, dans les années à venir, pourrait produire davantage d’épisodes de protestation et davantage de déstabilisation et de changement politique.

 

 

Tableaux

 

Voir les résultats des régressions logistiques multivariées à la fois au niveau agrégé et par pays.

 

Tableau 1 – Résultats du modèle de régression logit multivariée à trois niveaux utilisant les données agrégées de 2011 de tous les pays considérés

Fixed effects

       

Random effects

   
 

Estimate

Z value

Pr(>|z|)

   

Region:country variance

Education

0.29755

7.354

1.93E-13

***

Education

3.30E-02

 

Urban/Rural

-0.28874

-2.251

0.0244

*

Urban/Rural

2.51E-01

 

Gender

-1.25271

-8.221

< 2e-16

***

Gender

8.28E-01

 

Age

-0.01927

-4.877

1.08E-06

***

Age

6.07E-05

 

Religiosity

0.11139

1.749

0.0802

.

Religiosity

7.69E-02

 

Unemployment

0.09218

0.735

0.4622

 

Unemployment

3.23E-01

 

Income

0.57339

4.042

5.29E-05

***

Income

5.41E-01

 

*Significance codes:  0 ‘***’ 0.001 ‘**’ 0.01 ‘*’ 0.05 ‘.’ 0.1 ‘ ’ 1

 

Tableau 2 – Résultats du modèle de régression logit multivariée à trois niveaux utilisant les données agrégées de 2018/2019 de tous les pays considérés

Fixed effects

     

Random effects

   
 

Estimate

Z value

Pr(>|z|)

   

Region:country variance

Education

0.24601

8.252

< 2e-16

***

Education

0.04324

   

Urban/Rural

-0.1671

-1.815

0.0695

.

Urban/Rural

0.20073

   

Gender

-0.8226

-10.562

< 2e-16

***

Gender

0.20282

   

Age

-0.0092

-2.941

0.00327

**

Age

0.00029

   

Religiosity

0.02326

0.72

0.47133

 

Religiosity

0.02353

   

Unemployment

-0.0131

-0.134

0.89338

 

Unemployment

0.11152

   

Income

-0.0771

-0.957

0.33866

 

Income

0.16524

   

*Significance codes:  0 ‘***’ 0.001 ‘**’ 0.01 ‘*’ 0.05 ‘.’ 0.1 ‘ ’ 1

 

Tableau 3 – Résultats des modèles de régression utilisant les données de 2011 en tenant compte d’une variable à la fois

Model 1 - Gender

 

Model 2 – Age

 

Model 3 - Urban/Rural

 

Estimate

-1.2432

 

Estimate

-0.0208

 

Estimate

-0.304

 

Pr(>|z|)

6.71E-13

***

Pr(>|z|)

2.14E-06

***

Pr(>|z|)

0.0392

*

Region:country variance

0.5713

 

Region:country variance

0.0002

 

Region:country variance

0.2473

 
                 

Model 4 - Religiosity

 

Model 5 – Unemployment

Model 6 - Income

   

Estimate

0.27711

 

Estimate

-0.5947

 

Estimate

0.9957

 

Pr(>|z|)

1.18E-05

***

Pr(>|z|)

4.49E-06

***

Pr(>|z|)

2.79E-11

***

Region:country variance

0.06491

 

Region:country variance

0.3249

 

Region:country variance

0.3735

 

*Significance codes:  0 ‘***’ 0.001 ‘**’ 0.01 ‘*’ 0.05 ‘.’ 0.1 ‘ ’ 1

 

Tableau 4 – Résultats des modèles de régression utilisant les données de 2018/2019 en tenant compte d’une variable à la fois

Model 1 - Gender

 

Model 2 – Age

 

Model 3 - Urban/Rural

Estimate

-0.8763

 

Estimate

-0.0211

 

Estimate

-0.242

 

Pr(>|z|)

<2e-16

***

Pr(>|z|)

3.64E-14

***

Pr(>|z|)

0.011

*

Region:country variance

0.2267

 

Region:country variance

0.00026

 

Region:country variance

0.2001

 
                 

Model 4 - Religiosity

Model 5 – Unemployment

Model 6 - Income

 

Estimate

0.11147

 

Estimate

0.24378

 

Estimate

0.23908

 

Pr(>|z|)

0.00073

***

Pr(>|z|)

0.00454

**

Pr(>|z|)

0.00344

**

Region:country variance

0.04258

 

Region:country variance

0.02293

 

Region:country variance

0.2506

 

 *Significance codes:  0 ‘***’ 0.001 ‘**’ 0.01 ‘*’ 0.05 ‘.’ 0.1 ‘ ’

 

Tableau 5 – Algérie (données de 2011)

 

Coeff

Pr(>|z|)

 

Education

0.00369

0.984

 

Urban/Rural

-0.1788

0.72195

 

Gender

-1.4624

0.00196

**

Age

-0.0393

6.82E-02

.

Religiosity

0.48483

8.38E-02

.

Unemployment

0.56338

0.23426

 

Income

-0.044

9.22E-01

 

 

Tableau 6 – Algérie (données de 2018/2019)

 

Coeff

Pr(>|z|)

 

Education

-0.0039

0.9339

 

Urban/Rural

0.06572

0.8236

 

Gender

-0.58

3.22E-05

***

Age

0.00705

2.06E-01

 

Religiosity

0.1299

7.05E-02

.

Unemployment

0.31102

8.34E-02

.

Income

-0.2301

1.06E-01

 

 

Tableau 7 – Maroc ( données de 2011) 

 

Coeff

Pr(>|z|)

 

Education

0.02891

0.7791

 

Urban/Rural

-0.9111

0.01128

*

Gender

-0.044

0.88208

 

Age

-0.0358

0.00789

**

Religiosity

-0.0002

0.99927

 

Unemployment

-0.3063

0.41529

 

Income

0.27467

0.42625

 

 

Tableau 8 – Maroc (données de 2018/2019)

 

Coeff

Pr(>|z|)

 

Education

0.35101

< 2e-16

***

Urban/Rural

-0.1178

0.42332

 

Gender

-0.8704

1.65E-12

***

Age

0.01236

2.11E-02

*

Religiosity

0.18689

1.68E-03

**

Unemployment

0.05497

7.48E-01

 

Income

-0.1048

5.87E-01

 

 

Tableau 9 – Tunisie (données de 2011)

 

Coeff

Pr(>|z|)

 

Education

0.29917

0.00011

***

Urban/Rural

-0.3687

0.0851

.

Gender

-1.7219

6.00E-14

***

Age

-0.0362

5.08E-07

***

Religiosity

-0.048

0.56212

 

Unemployment

0.04891

0.80161

 

Income

0.31774

0.14835

 

 

Tableau 10 – Tunisie (données de 2018/2019)

 

Coeff

Pr(>|z|)

 

Education

0.40694

1.31E-10

***

Urban/Rural

0.11532

0.53174

 

Gender

-0.8809

4.61E-07

***

Age

-0.0174

7.77E-03

**

Religiosity

-0.1091

9.60E-02

.

Unemployment

-0.0566

8.35E-01

 

Income

0.06718

7.43E-01

 

 

Tableau 11 – Égypte (données de 2011)

 

Coeff

Pr(>|z|)

 

Education

0.45978

3.37E-09

***

Urban/Rural

-0.5608

0.0187

*

Gender

-1.4494

4.79E-08

***

Age

-0.0134

1.07E-01

 

Religiosity

0.03472

8.09E-01

 

Unemployment

0.11262

0.6522

 

Income

0.21555

4.06E-01

 

 

Tableau 12 – Égypte (données de 2018/2019)

 

Coeff

Pr(>|z|)

 

Education

0.25543

1.78E-08

***

Urban/Rural

-0.458

0.00217

**

Gender

-1.2433

< 2e-16

***

Age

-0.0213

5.43E-04

***

Religiosity

-0.1122

8.50E-02

.

Unemployment

-0.2149

4.17E-01

 

Income

0.15554

3.16E-01

 

 

Tableau 13 – Soudan (données de 2011)

 

Coeff

Pr(>|z|)

 

Education

0.217457

0.00635

**

Urban/Rural

0.585528

0.02903

*

Gender

-0.23072

0.30923

 

Age

-0.01155

0.23516

 

Religiosity

0.371362

0.06736

.

Unemployment

-0.13768

0.59082

 

Income

0.354876

0.14848

 

 

Tableau 14 – Soudan (données de 2018/2019)     

 

Coeff

Pr(>|z|)

 

Education

0.14716

0.00117

**

Urban/Rural

0.07572

0.61389

 

Gender

-0.6672

1.69E-07

***

Age

-0.01

1.32E-01

 

Religiosity

0.05608

3.77E-01

 

Unemployment

-0.2709

1.46E-01

 

Income

-0.1815

1.59E-01

 

 

Tableau 15 – Jordanie (données de 2011)

 

Coeff

Pr(>|z|)

 

Education

0.31427

0.00704

**

Urban/Rural

-0.223

0.54039

 

Gender

-1.2823

8.39E-04

***

Age

0.00616

5.83E-01

 

Religiosity

-0.0855

6.64E-01

 

Unemployment

-0.3326

0.30771

 

Income

1.23542

3.88E-03

**

 

Tableau 16 – Jordanie (données de 2018/2019)

 

Coeff

Pr(>|z|)

 

Education

0.18469

0.02439

*

Urban/Rural

-0.7045

0.06536

.

Gender

-0.7173

8.43E-04

***

Age

-0.0256

7.18E-04

***

Religiosity

0.16415

4.41E-02

*

Unemployment

0.28811

2.96E-01

 

Income

0.48624

2.21E-02

*

 

Tableau 17 – Liban (données de 2011)  

 

Coeff

Pr(>|z|)

 

Education

0.13335

0.08825

.

Urban/Rural

-0.2739

0.44322

 

Gender

-0.1377

4.75E-01

 

Age

-0.026

2.07E-03

**

Religiosity

-0.0927

3.03E-01

 

Unemployment

-0.1118

0.76177

 

Income

-0.4511

7.77E-02

.

*Significance codes:  0 ‘***’ 0.001 ‘**’ 0.01 ‘*’ 0.05 ‘.’ 0.1 ‘ ’

 

Tableau 18 – Liban (données de 2018/2019)

 

Coeff

Pr(>|z|)

 

Education

0.13335

0.08825

.

Urban/Rural

-0.2739

0.44322

 

Gender

-0.1377

4.75E-01

 

Age

-0.026

2.07E-03

**

Religiosity

-0.0927

3.03E-01

 

Unemployment

-0.1118

7.62E-01

 

Income

-0.4511

7.77E-02

.

 

 

© tous droits réservés
Les opinions exprimées dans cet article n’engagent que la responsabilité des auteurs et ne reflètent pas nécessairement la position de la Fondation Internationale Oasis

 

Pour citer cet article:

 

Référence papier:

Eugenio Dacrema, « Homme, jeune, instruit. Profil du manifestant arabe », Oasis, année XVI, n. 31, décembre 2020, pp. 53-65.

 

Référence électronique:

Eugenio Dacrema, « Homme, jeune, instruit. Profil du manifestant arabe », Oasis [En ligne], mis en ligne le 20 mai 2021, URL: /fr/homme-jeune-instruit-profil-du-manifestant-arabe-oasis-31

 

 

[1] Noah Feldman, The Arab Winter: A Tragedy, Princeton University Press, Princeton 2020.
[2] Karim Mezran et Arturo Varvelli, The Mena Region: A Great Power Competition, Ledizioni-LediPublishing, Milano 2019.
[3] Selon le pays, les sondages ont été effectués en 2018 ou en 2019, ou dans une période étalée sur les deux années.
[4] En ce qui concerne la troisième enquête de l’Arab Barometer, pour déterminer si une personne interrogée a participé à une ou plusieurs manifestations au cours de la période considérée, cet article a utilisé la question : « Avez-vous participé aux manifestations du Printemps arabe en 2011 ? » (avec deux réponses possibles : Oui/Non). La cinquième enquête ne comportait pas de question aussi spécifique. La question utilisée a donc été : « Au cours des trois dernières années, avez-vous participé à une manifestation, à une marche ou un sit-in ? » Il y avait quatre réponses possibles : « Une fois », « Plus d’une fois », « Je n’ai jamais participé » et « Je ne sais pas ». Pour éviter toute distorsion des résultats, seuls les répondants ayant choisi l’une des trois premières réponses possibles ont été pris en compte. Ensuite, la question a été transformée en une variable binaire, combinant dans la même catégorie ceux qui avaient répondu « Une fois » ou « Plus d’une fois ». Ainsi la variable sépare ceux qui ont participé au moins une fois aux manifestations de rue au cours des trois années précédentes, de ceux qui n’y ont jamais participé.
[5] Les répondants ont été invités à écrire leur âge en chiffres.
[6] Dans les enquêtes de 2012, les répondants ont été invités à indiquer leurs revenus mensuels et annuels en dollars américains et en monnaie locale. Dans les enquêtes 2018-2019, il a été uniquement demandé aux répondants si leur revenu était inférieur ou supérieur au revenu moyen dans leur pays. Pour normaliser et comparer les données des deux cycles, la variable de revenu de l’enquête 2012 a été transformée en une variable binaire en calculant le revenu moyen à partir des réponses des répondants et en générant ensuite une nouvelle variable binaire, qui place chaque répondant au-dessus ou en dessous de la moyenne.
[7] La question prévoit sept réponses possibles : analphabète, élémentaire, propédeutique/basique, secondaire, diplôme d’études supérieures, licence, master ou plus.
[8] Les sondages de 2012 comprenaient la question « Travaillez-vous ? » avec la réponse binaire Oui/Non. Les enquêtes 2018-2019 n’ont pas inclus de telles questions binaires. La question la plus proche de celle-ci prévoyait sept réponses possibles : salarié, indépendant, retraité, femme au foyer, étudiant, chômeur, autre. Afin de normaliser et de rendre les deux variables comparables, cette dernière question a été transformée en une variable binaire qui indique si le sujet s’est déclaré au chômage ou s’il a choisi l’une des autres réponses.
[9] Il a été demandé aux répondants s’ils venaient d’une zone urbaine ou rurale.
[10] La question prévoit quatre réponses possibles : toujours, la plupart du temps, parfois, rarement.
[11] Steven A. Cook, Sisi Isn’t Mubarak. He’s Much Worse, « Foreign Policy », 19 décembre 2018.
[12] Des tableaux présentant les résultats des régressions logistiques multivariées tant au niveau agrégé que par pays peuvent être consultés dans la version en ligne de cet article : /fr/homme-jeune-instruit-profil-du-manifestant-arabe-oasis-31  
[13] Lisa Bryant, For Algeria’s Hirak Protest Movement, COVID-19 Could Prove an Opportunity, « VOA News », 15 avril 2020.
[14] Mohammed Masbah, A New Generation of Protests in Morocco? How Hirak al-Rif Endures, « Arab Reform Initiative – Policy Alternatives », 2 novembre 2017.
[15] Ishac Diwan, Tunisia’s Upcoming Challenge: Fixing the Economy Before It’s Too Late, « Arab Reform Initiative », 23 septembre 2019.
[16] Jan-Philipp Vatthauer et Irene Weipert-Fenner, The Quest for Social Justice in Tunisia: Socioeconomic Protest and Political Democratization Post 2011, « PRIF report » n. 143 (2017).
[17] Declan Walsh, Rare Protests Against Egypt’s Leader Erupt in Cairo and Elsewhere, « The New York Times », 20 septembre 2019.
[18] Magdi el-Gizuli, Sudan, the Arab Spring, and the Politics of Fatigue, in Sudan after Separation. New Approaches to a New Region, Heinrich Böll Stiftung, Series on Democracy vol. 28 (2012), pp. 46-57.
[19] Aya Elmileik, What Prompted the Protests in Sudan?, « Al Jazeera », 26 décembre 2018.
[20] Sarah A. Tobin, Jordan’s Arab Spring: The Middle Class and Anti-Revolution, « Middle East Policy » vol. 19, n. 1 (2012), pp. 96-109.
[21] Curtis R. Ryan, Jordan and the Arab Uprisings: Regime Survival and Politics Beyond the State, Columbia University Press, New York 2018.
[22] Dina Fakoussa et Laura Lale Kabis-Kechrid, Jordan’s Socio-Economic Woes and Foreign Policy, « Dgap Report » (2019).
[23] Hannes Baumann, Social Protest and the Political Economy of Sectarianism in Lebanon, « Global Discourse » vol. 6, n. 4 (2016), pp. 634-649 ; Sami Hermez, On Dignity and Clientelism: Lebanon in the Context of the 2011 Arab Revolutions, « Studies in Ethnicity and Nationalism » vol. 11, n. 3 (2011), pp. 527-537.
[24] Elie Abouaoun, A Massive Protest Movement Emerges in Lebanon. What Does It Mean?, United States Institute of Peace, 22 octobre 2019.
[25] Navtej Dhillon et Tarik Yousef, Generation in Waiting: The Unfulfilled Promise of Young People in the Middle East, Brookings Institution Press, Washington DC 2011.
[26] Declan Walsh, Rare Protests Against Egypt’s Leader Erupt in Cairo and Elsewhere, « The New York Times », 20 septembre 2019.
[27] Eugenio Dacrema et Stefano Benati, The Mechanics of Contentious Politics: An Agent-Based Modeling Approach, « The Journal of Mathematical Sociology » vol. 44, n. 3 (2020), pp. 163-198.
[28] Sidney Verba, Kay Lehman Schlozman et Henry E. Brady, Voice and Equality: Civic Voluntarism in American Politics, Harvard University Press, Cambridge (MA)-London 1995.
[29] Frederick Solt, Economic Inequality and Democratic Political Engagement, « American Journal of Political Science » vol. 52, n. 1 (2008), pp. 48-60.
[30] Samuel P. Huntington, The Third Wave: Democratization in the Late Twentieth Century, University of Oklahoma press, Oklahoma 1993 ; Barrington Moore, Social Origins of Dictatorship and Democracy/Barrington Moore, Penguin, London 1977.
[31] Pamela Abbott et Andrea Teti, A Generation in Waiting for Jobs and Justice: Young People Not in Education, Employment or Training in North Africa, « Arab Transformations Working Paper » n. 18 (2017).

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