L’amitié avec Dieu est la source de l’autorité. Dans le soufisme, c’est le Tout-Puissant qui choisit une personne pour l’honorer, l’élire, la sanctifier et lui accorder des dons de connaissance et des pouvoirs spirituels, qui font d’elle un guide dans son milieu

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Dernière mise à jour: 22/04/2022 09:02:28

L’amitié avec Dieu est la source de l’autorité. Dans le soufisme, c’est le Tout-Puissant qui choisit une personne pour l’honorer, l’élire, la sanctifier et lui accorder des dons de connaissance et des pouvoirs spirituels, qui font d’elle un guide dans son milieu. Dans les textes mystiques, cette sainteté est comparée au tronc d’un arbre aux multiples branches : chacune d’elles produit une force qui se transforme en un leadership effectif, capable d’influencer la formation de la culture dans la société de son temps.

 

Dans l’histoire du soufisme, les itinéraires intellectuels et existentiels suivis par les autorités « religieuses » dans le domaine mystique s’entrecroisent tous dans la notion de walâya [« amitié divine », « sainteté »]. Si, du point de vue religieux, Dieu possède toutes les forces actives et interactives dans l’univers, manifestes et cachées, spirituelles et matérielles, le walî, c’est-à-dire la personne proche de Dieu et aimée de lui, devient à son tour une force symbolique significative dans son contexte humain et dans l’équilibre des forces.

 

Du IIIe siècle de l’ère islamique[1] (IXe siècle après J.C.)[2] à la fin du VIIe siècle, c’est-à-dire pendant la période qui a vu le soufisme exprimer ses personnalités les plus marquantes, avant la période dite des « confréries », il devint évident que le but – déclaré ou non – des amants de Dieu qui entreprenaient la voie mystique consistait à se rendre capables de gagner l’amitié divine (walâyat Allâh), par des exercices spirituels, des efforts corporels ascétiques, divers types d’actes de culte, la pratique de la retraite spirituelle et le dhikr [rituel soufi qui consiste à répéter le nom de Dieu, NdT].

 

Du point de vue soufi, la walâya est un don gratuit qui ne peut s’obtenir par les œuvres, encore que celles-ci augmentent les possibilités de l’atteindre. C’est le Tout-Puissant qui choisit une personne, parmi ceux qui pratiquent les exercices spirituels ou qui ne les pratiquent pas, pour l’honorer, l’élire, la sanctifier et lui accorder des dons de connaissance et des pouvoirs spirituels qui en font une autorité dans son milieu : autorité de miséricorde, d’amour, de guide et d’illumination[3].

 

Les textes mystiques qui racontent les expériences des personnalités soufies comparent la walâya à un tronc d’arbre d’où partent de nombreuses branches ; chacune d’elles produit une force qui se transforme en une autorité effective, capable d’influencer la formation de la culture dans la société de l’époque, en s’interpénétrant ou en se disjonctant des autres forces.

  L’homme et la maîtrise de soi   Selon la littérature soufie, l’homme acquiert la pleine maîtrise de soi uniquement quand son esprit (rûh) arrive à dominer le royaume humain tout entier, c’est-à-dire tout son être personnel. Muhyî al-Dîn Ibn ‘Arabî (m. 1240), le cheikh soufi le plus important, trace l’image intérieure de l’homme dans son livre Al-Tadbîrât al-ilâhiyya fî islâh al-mamlaka al-insâniyya (« Le gouvernement divin dans le royaume humain Âcontinua a leggere

Pour citer cet article

 

Référence papier:

Souad al-Hakim, « Le soft power des soufis », Oasis, année XIII, n. 25, juillet 2017, pp. 36-46.

 

Référence électronique:

Souad al-Hakim, « Le soft power des soufis », Oasis [En ligne], mis en ligne le 29 août 2018, URL: https://www.oasiscenter.eu/fr/le-soft-power-des-soufis.

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