Dernière mise à jour: 22/04/2022 09:41:38
La position du problème
Depuis des mois, en Algérie, outre la persistance, presque chaque semaine, d’attaques terroristes des groupes islamistes affiliés à El Qaida, des centaines de révoltes locales ou sectorielles ont agité la société. Beaucoup de ces manifestations sont liées à des problèmes concrets particuliers : attributions de logement, augmentation de salaires, statut des personnels para-médicaux, des médecins résidents, des gardes communaux etc…ou conditions de vie et valeurs des examens pour les étudiants. D’autres manifestations touchent des problèmes de droit des personnes : familles des disparus, familles des victimes du terrorisme etc…D’autres encore réclament un respect plus marqué pour l’une des cultures du pays : officialisation de la langue amazighe etc…
Mais, désormais, d’autres revendications réclament le changement complet de système politique : manifestations chaque samedi matin d’un groupe de partis ou d’associations ; condamnations du système reprises, quotidiennement, dans certains journaux, comme le Watan, principal journal francophone ; prises de position publiques de personnalités historiques comme Abdel Hamid Mehri ancien secrétaire général du FLN, Ahmed Ben Bitour, Sid Ahmed Ghozali, tous deux anciens chefs du gouvernement etc...
Il est difficile de prévoir l’avenir de ce mouvement de contestation. Beaucoup veulent le changement. Mais les Algériens se souviennent tous de la très grave crise de société traversée par le pays de 1992 à 2000 (150.000 morts ?). Les manifestations des jeunes, en octobre 1988, ont débouché sur le multipartisme, dont a bénéficié le Front Islamique du Salut (F.I.S). Et la société a, alors, explosé en tendances antagonistes qui se sont déchirées les armes à la main (1992). Le souvenir de cette période demeure très présent dans toute la société et retient les opposants d’aller aux contestations extrêmes. Tous souhaitent, - sauf les groupes islamistes armés,- que le changement se fasse de manière pacifique. Par ailleurs cette prise de position contre « le système » est loin d’être partagée, au même niveau, par toutes les régions du pays, comme viennent de le montrer, par exemple, les récentes visites du Président Bouteflika à Tamamrasset ( 9 avril 2011) ou à Tlemcen( 16 et 17 avril 2011).
Dans ce contexte que signifierait un débat sur la laïcité ?
Après la crise de société que nous avons évoquée, les excès de l’islam politique aurait pu conduire à un développement des courants favorables à la laïcité de l’Etat. Ce ne fut pas le cas. Bien au contraire la société algérienne est désormais plus marquée par ses références musulmanes qu’elle ne l’était avant la crise islamiste. Des changements ont bien été introduits dans la Constitution, mais c’était pour donner place à l’amazighité (les racines berbéres du pays), à coté de l’arabité. Quant à la référence à l’islam comme religion d’Etat elle a été réaffirmée. Les débats de société en Algérie posent, certes, la question du « changement de système », mais sans que des prises de position significatives aient abordé, directement, ce thème de la laïcité. Le RCD qui l’avait fait, lors de sa fondation, il y a vingt ans, se l’est vu reproché comme s’il avait lancé un appel au laïcisme, voire même à l’athéisme. Il ne met plus en avant cette revendication. Un nouveau parti a demandé la reconnaissance, qu’il n’a pas obtenu, en s’affirmant parti pour la laïcité.
Par ailleurs l’Algérie n’est pas dans la situation de certains pays du Moyen Orient où existent, depuis des siècles, des références religieuses multiples. En Algérie, dans sa quasi-totalité, la population est musulmane sunnite malékite, avec une très petite minorité ibadite et quelques personnes de rite hanéfite. Les juifs ont pratiquement quitté le pays. A part les évangélistes, les quelques milliers de chrétiens sont presque tous des étrangers d’origine. La question de retirer de la vie publique l’affirmation de l’identité musulmane des citoyens ne se pose donc que pour une minorité d’intellectuels francophones ou de militants à référence marxisante. Ces groupes ont aujourd’hui moins de place dans la société qu’avant la crise islamiste.
Toutefois une situation nouvelle est en train de naître, celle de la constitution d’une minorité de convertis évangéliques d’’origine algérienne. Dans ce contexte ce n’est plus directement la question de la laïcité qui se pose, mais celle de liberté de conscience. Cette question est donc intégrée au problème plus large d’un changement du système qui permettrait la liberté de pensée et le pluralisme des références, actuellement monopolisées par « la famille révolutionnaire », le FLN et les gardiens de l’islam officiel.
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Il testo integrale dell'intervento sarà disponibile sul prossimo numero della rivista Oasis