Il y a au Liban pas moins de 250 000 réfugiés âgés de 3 à 18 ans hors des écoles. Ce sont la moitié des 500 000 jeunes enregistrés par les Nations Unies. Les chiffres sont encore plus impressionnants si l’on considère d’autres pays dans la région qui accueillent les Syriens : 800 000 réfugiés en âge scolaire en Turquie, dont 500 000 hors du système scolaire, 80 000 jeunes Syriens sans aucune instruction en Jordanie.

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IMG_0515.JPG« Good morning, what’s your name ? ». Les femmes manifestent leur enthousiasme de pouvoir tester leur anglais tout frais, à peine appris, avec l’hôte étranger. Elles sont une dizaine, assises par terre dans la pénombre de la tente, les cahiers en main, elles viennent de terminer la leçon de langue étrangère. Aisha a 36 ans. Elle est arrivée dans le camp de réfugiés de Marj al-Khokh, dans l’extrême sud du Liban, à quelques kilomètres des petites villas mitoyennes de Metulla, en Israël, il y a quatre ans. Elle a fui, avec son mari et trois enfants, la guerre en Syrie – elle habitait l’une des villes les plus martyrisées du conflit, Idlib. « J’ai pensé souvent au suicide, à cause de ce que j’ai vécu pendant la guerre, et maintenant, je vais chez un psychologue », explique-t-elle, enveloppé dans une robe rouge comme le voile qui lui couvre la tête, sans cesser de sourire.

 

Des mots tristes. Et pourtant, l’histoire d’Aisha, si on la compare aux récits de dizaines d’autres réfugiés syriens rencontrés au Liban, est une histoire qui ne manque pas d’optimisme. Elle dit qu’elle ne veut pas avoir d’autres enfants, non qu’elle n’en ait déjà assez, mais parce qu’elle veut garantir à ses trois enfants une instruction. Voilà pourquoi elle s’est mise elle-même, avec l’aide des volontaires du camp, à étudier l’anglais : dans les écoles libanaises, on enseigne beaucoup de matières en français ou en anglais, et Aisha veut être en mesure d’aider ses deux filles de huit et de neuf ans à faire leurs devoirs. Elle est parvenue à les inscrire à l’école publique toute proche de Marjayoun, après avoir perdu un an à leur arrivée au Liban parce qu’il n’y avait pas assez de places dans cet établissement.

 

Avant et après la guerre

Inscrire un enfant à l’école : geste automatique, mais non évident aujourd’hui au Liban, où des dizaines de milliers d’enfants en âge scolaire n’ont pas accès à l’instruction. Il y a presque 250 000 réfugiés âgés de 3 à 18 ans qui n’ont pas trouvé de place sur les bancs de l’école : chiffre publié dans une enquête récente de Human Rights Watch (HRW) – Growing Up Without an Education – et confirmé à Oasis par des fonctionnaires du ministère de l’Éducation libanais. Il s’agit de la moitié des 500 000 jeunes enregistrés par l’UNHCR, le Haut Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés. Le chiffre est donc en réalité certainement plus élevé, étant donné que les réfugiés syriens ne sont pas tous enregistrés et que, depuis mai 2016, le gouvernement libanais a demandé à l’ONU d’arrêter les enregistrements.

Les nombres sont encore plus impressionnants si l’on considère d’autres pays de la région qui accueillent eux aussi des Syriens. Des sources diplomatiques turques ont expliqué à Oasis qu’il y a 800 000 réfugiés syriens en âge scolaire en Turquie, dont 500 000 hors du système scolaire. Il faudrait dans le pays 12 000 nouvelles écoles. En Jordanie, il y a 80 000 jeunes Syriens qui ne reçoivent aucune éducation scolaire.

IMG_0544.JPG« C’est la génération qui devra reconstruire la Syrie – souligne Bassam Khawaja, auteur de la recherche de Human Rights Watch. La Syrie avant la guerre avait presque atteint un niveau d’éducation universel : 90 % des enfants étaient inscrits à l’école primaire, 70 % à l’école supérieure ». À présent, selon un rapport de l’UNICEF – qui a lancé l’initiative internationale No Lost Generation – en Syrie, les enfants qui ne vont pas à l’école sont au nombre de 2,1 millions.

Au Liban, petit pays du Levant avec 4,5 millions d’habitants sur une surface de 10 452 km2, les Nations Unies donnent le chiffre de 1,1 million de réfugiés syriens, le gouvernement de Beyrouth de 1,5 million : ce qui signifie qu’un habitant sur cinq aujourd’hui est un réfugié. Selon les normes internationales, et bien qu’il ne soit pas signataire de la convention de Genève de 1951 sur les réfugiés – pour les autorités locales les syriens sont des « déplacés » –, le Liban doit de toutes façons garantir à chaque enfant le droit gratuit et obligatoire à l’éducation élémentaire et l’accès sans discrimination à l’éducation supérieure. La crise syrienne, l’émergence humanitaire et l’arrivée de milliers d’étrangers ont mis toutefois à dure épreuve la structure sociale du Pays, le système scolaire et sanitaire, ainsi que l’économie : depuis 2011, année du début du conflit syrien, la crise des réfugiés a coûté au Liban 1,3 milliards de dollars, que les donations internationales ne couvrent que partiellement.

Le système scolaire public libanais, déjà faible avant la crise, figure parmi les réalités les plus éprouvées par l’urgence de la crise : on manque de maîtres et de professeurs pour accueillir la nouvelle vague de réfugiés, les écoles publiques sont peu nombreuses – 1 200 environ sur tout le territoire national – et souvent les structures sont vétustes, loin de la modernité des temps. Seulement 30 % des élèves libanais sont inscrits dans des écoles publiques, le reste fréquente des instituts privés, payants ou gratuits, liés à des institutions religieuses.

Pour parvenir à accueillir les nouveaux arrivés de Syrie, ou une partie des jeunes réfugiés, le système public a dû créer en 2013 un second tour l’après-midi, entièrement consacré aux étrangers. Et pourtant, même cette innovation n’a pas été suffisante pour faire baisser le nombre d’enfants restés sans instruction. Car il reste des barrières complexes.

 

Pas d’argent pour le bus

Ahmed e Fahme sont arrivés au Liban, venant d’Idlib. Ils habitent dans une zone résidentielle, pas loin du port touristique de Byblos – Jbeil en arabe – dans ce qui devait être, avant qu’on ne le leur loue à 400 dollars par mois, le local commun dans le sous-sol d’une copropriété. Ils ont quatre filles, de trois, cinq, sept et neuf ans. Ahmed travaille dans un supermarché, il gagne 450 dollars par mois. Ils sont réfugiés, enregistrés à l’UNHCR qui leur donne un chèque mensuel pour la nourriture de 162 dollars. « Ça ne suffit pas pour six », explique Fahme, la tête couverte d’un foulard mode léopard. Ainsi, Bushra, l’aînée des filles, travaille avec son père au supermarché, pour cent dollars par mois plus les pourboires de quelque cliente aimable. Elle sourit comme en un rêve, Fahme, quand elle dit que son plus grand désir est de voir ses quatre filles à l’école. « Bushra me dit toujours : ‘Maman, tu m’avais promis que cette année, tu allais m’envoyer à l’école’. Elles voient les autres enfants aller à l’école, elles veulent elles aussi les cartables, les cahiers, les crayons de couleur... ». Le mari n’a jamais été à l’école, maman Fahme a le certificat d’études. Bushra, l’aînée, a réussi à aller à l’école deux mois à peine en 2015, c’était la première fois pour elle. Elle a dû abandonner parce que l’établissement était à neuf kilomètres, et la famille n’arrivait pas à payer les transports. Si l’autobus était gratuit, explique Fahme, je l’y enverrais, même si son père préfère qu’elle travaille : on a besoin d’argent pour vivre.

IMG_0550.JPGElles sont nombreuses les barrières qui bloquent au Liban l’accès des jeunes syriens à l’éducation, en dépit des efforts des ONG internationales et des tentatives récentes d’intervention du ministère de l’Education local. Le coût des transports est l’une de ces barrières. Un programme géré par l’UNICEF et Caritas a payé l’an dernier l’autobus à des milliers d’élèves, tandis que certaines ONG locales et internationales ont évalué cas par cas le soutien financier pour les transports aux familles. Mais les problèmes ne se limitent pas aux autobus. Souvent, bien que les autorités locales demandent aux écoles publiques d’inscrire les réfugiés même en l’absence de documents – aussi bien d’identité que de certificats scolaires ou médicaux – beaucoup de proviseurs continuent à exiger ces papiers. Comme l’explique Bassem Khawaja, de HRW, on crée un cercle vicieux. Obtenir la résidence au Liban est une affaire bureaucratique très longue, difficile et coûteuse – 200 dollars par personne. Sans résidence, impossible d’obtenir un permis de travail (sans ce document, les Syriens ne peuvent travailler que dans le bâtiment et dans l’agriculture), et beaucoup d’adultes craignent de s’éloigner des camps de tentes ou de leurs habitations de peur d’être bloqués aux check points et arrêtés. Ce qui pèse également sur la possibilité d’avoir accès au marché du travail au noir. Et sans argent, les familles n’envoient pas à l’école leurs enfants – qui sont les seuls à pouvoir en quelque manière passer plus facilement à travers les contrôles de la sécurité libanaise et donc travailler. En conséquence, le phénomène du travail des mineurs est en forte augmentation. Il y a de surcroît des barrières linguistiques : les curriculums libanais à partir d’un certain point sont en anglais et en français, les curriculums syriens, en arabe. Beaucoup de jeunes qui ont reçu un début d’instruction en Syrie ont de la peine à suivre des programmes dans des langues qu’ils ne connaissent pas.

 

Les complications de la bureaucratie

Face à ces défis, le ministère libanais de l’Éducation a renouvelé cette année une initiative pour étendre l’instruction au plus grand nombre de jeunes possible, libanais et syriens : RACE, Reaching All Children with Education. L’an dernier, 154 000 non libanais ont été inscrits dans le système public national. L’objectif est d’atteindre les 200 000 pour l’année académique 2016-2017, explique Nibal Jardak, fonctionnaire du ministère de l’Éducation. Trois cent trente écoles auront cette année le second tour l’après-midi pour les Syriens, contre les 238 de l’année passée. Une circulaire a été envoyée à tous les proviseurs au début de l’année scolaire, explique-t-on au ministère. Avec un impératif : aucun document ne sera nécessaire pour inscrire les Syriens. Des mesures seront prises contre les établissements qui ne s’y conformeront pas.

À côté de l’école publique libanaise, pendant les années de la crise, l’instruction de nombreux enfants syriens est passée par le soutien et les programmes de bien des organisations non gouvernementales internationales. Au Liban, les spécialistes parlent d’« éducation formelle » et « non-formelle ». Durant l’été 2014, le ministère a demandé, au cours de négociations avec des donateurs comme l’UNICEF et l’UNHCR, de suspendre bon nombre de ces programmes « non-formels » gérés par les ONG sur le territoire : « L’éducation non-formelle doit suivre les lignes de l’officielle, s’adapter aux curriculums libanais, intégrer l’éducation formelle », dit Rachelle Samaha, responsable précisément de ce dossier au ministère. L’encadrement a été mis au point seulement en décembre 2015. Entre temps, beaucoup d’associations qui fournissaient quelque sorte d’instruction à des milliers d’enfants dans les camps et au-dehors de ces camps ont été contraintes à vider les classes faute de fonds, sans pouvoir fournir d’alternative aux familles. À partir de l’année scolaire actuelle, l’éducation non-formelle (en ligne avec la stratégie et les directives approuvées par le ministère) devrait pouvoir reprendre sur une large échelle, et inclure même des enfants en âge pré-scolaire, a expliqué à Oasis Davide Amurri, responsable de Terre des Hommes Italie au Liban.

Aujourd’hui, la plupart des ONG suivent les directives du ministère. À la fin de l’été, toujours dans le camp de Marj al-Khokh, dans le sud du Liban, dans une grande tente blanche, les lettres UNICEF écrites en grand à l’entrée, une dizaine d’enfants, de trois à cinq ans, pleins de poussière et sans chaussures, sont assis par terre. Ils colorent des fiches avec les chiffres arabes. D’autres apprennent les couleurs en arabe et en anglais. « Nous leur donnons les bases, de manière à ce qu’ils puissent arriver préparés dans les écoles libanaises : un peu de langue, un peu de discipline, leurs droits », explique Maya Assaf, assistante pour l’éducation de la fondation Avsi pour la zone de Marjayoun. Dans le camp tout proche de Sarada, Rafaa, 33 ans, n’envoie à l’école que son fils de 8 ans. Les deux filles, de 14 et 16 ans, travaillent avec elle à la récolte des fruits. Son mari, à la suite d’un accident en Syrie, avant la guerre, ne peut travailler, ce sont donc les femmes qui portent à la maison un peu d’argent. Si UNICEF et Caritas n’assumaient pas le paiement des transports pour l’école, elle ne pourrait se permettre d’y envoyer son fils, qui la fréquente depuis trois ans.

« L’un des défis les plus significatifs du conflit syrien est de fournir aux enfants une éducation », relève une recherche récente de l’Université Saint-Joseph de Beyrouth. « Le Liban est un État fragile et ses infrastructures ne se sont pas complètement reprises après des décennies de conflit, de sorte que les tensions régionales créent des pressions politiques et démographiques et continuent à avoir un impact sur la gouvernance de l’État et l’agenda des réformes. Accueillir un nombre croissant de réfugiés pourrait constituer un facteur déstabilisant sur la composition politique et religieuse du pays », écrivent les chercheurs, soulignant que la position officielle du gouvernement est claire : le Liban n’est pas une destination définitive pour les « déplacés » syriens.

« Les réfugiés doivent retourner en Syrie, même avant la fin du conflit : ceux qui sont avec le régime peuvent retourner dans les zones pro-régime, ceux qui sont avec l’opposition, dans les territoires de l’opposition. La communauté internationale doit faire pression pour la formation de zones-tampons sûres », explique le ministre du Travail, Sejaan Azzi. Le ministre est assis dans son grand bureau en plein centre commercial de Beyrouth, Solidere, du nom de la compagnie fondée par l’ancien premier ministre Rafiq Hariri qui a planifié la rénovation du quartier dévasté par la guerre civile. Le ministre reste ferme sur ses positions : il ne délivrera pas de permis de travail aux Syriens qui continuent à arriver. Sans résidence et sans permis de travail, relève le rapport du HRW, les retombées économiques sur la génération de Syriens sans éducation restent élevées. « Nous n’avons pas besoin de force-travail, c’est le marché du travail qui le décide – dit le ministre. Je ne permettrai pas qu’ils nous fassent perdre le Liban. Je veux sauvegarder le pays pour le peuple libanais. Au début, c’est vrai, il y avait des réfugiés qui venaient de Syrie, nous ne pouvions pas ne pas leur offrir un refuge. Mais depuis 2014, il n’y a plus de réfugiés, c’est devenu une immigration économique : pour l’école, les habitations, le style de vie... Il y a un phénomène d’enracinement dans la société libanaise au détriment du Liban ». Selon le ministre – un chrétien maronite qui a milité sa vie durant dans le parti phalangiste, le Kataeb –, le Liban comme pays de coexistence islamo-chrétienne serait en train de disparaître. Il craint que l’afflux de réfugiés, en majorité musulmans sunnites, ne puisse changer l’équilibre fragile du Liban : « La coexistence a besoin d’un certain équilibre, et le pourcentage des chrétiens est en train de diminuer. Ce pays est le seul dans tout le Moyen-Orient où il y a encore une église et une croix ».

 

Reconstruire le paysIMG_0554.JPG

Ali, en Syrie, il voudrait y retourner le plus vite possible. Il a 23 ans, il est de Kobané, petite ville kurde aux confins de la Turquie qui doit sa célébrité à une longue bataille entre forces locales et djihadistes de l’État Islamique, qui ont été repoussés en 2014. Ali étudie le droit à l’université libanaise, grâce à une bourse obtenue par Terre des Hommes Italie ; il travaille avec cette ONG à un programme de soutien à l’étude pour les enfants syriens insérés dans les écoles publiques locales. Une fois par semaine, son petit appartement au troisième étage d’un vieux palais délabré du quartier populaire de Burj al-Hammoud, zone traditionnellement chrétienne de Beyrouth, se remplit d’élèves des écoles voisines, des enfants de sept à onze ans. Ils arrivent avec leur cartable et leurs cahiers hauts en couleurs, ils s’assoient sur les divans poussiéreux entre la guitare et les livres universitaires d’Ali, et Ali corrige, patiemment, leurs devoirs, les aide, répond à leurs questions. Ali veut que ces enfants puissent aller comme lui à l’université, qu’ils reçoivent une instruction, qu’ils ne restent pas dans la rue. « Ils doivent aller à l’université pour retourner en Syrie et reconstruire : non seulement pour l’avenir du pays, mais aussi pour leur propre avenir, et pour celui de leurs enfants ». Ali rêve de retourner en Syrie et d’y fonder une ONG qui s’occupe de l’accès à l’éducation pour tous.

Pour la Banque mondiale, si, à l’âge de dix ans, un réfugié n’est jamais allé à l’école, il est très probable qu’il n’ira jamais. Le taux d’analphabétisme parmi la génération du conflit syrien est en hausse, explique Suha Tutunji, de l’association al-Jusoor, ONG syrienne active dans la région de la vallée de la Bekaa, où se trouve concentrée la plupart des réfugiés syriens. « Plus ils sont analphabètes, plus ils sont portés à la violence, au crime, aux problèmes psychologiques, à la radicalisation. C’est celle-là, la génération qui doit retourner en Syrie pour reconstruire ». Elle est assise dans une salle de l’école du village de Jib Jenin, dans la Bekaa, mais ses élèves ne sont pas des enfants ou des adolescents, mais des adultes qui sont en train de participer à un programme de formation: pour devenir des instituteurs ici, et pouvoir l’être un jour en Syrie, après la guerre. Une jeune fille tient en main un nuage en carton, une autre une image du soleil, une autre souffle énergiquement, en riant – c’est le vent –, une collègue lance un peu d’eau avec une petite bouteille, et voilà que quelqu’un surgit de dessous un carton marron, c’est la terre toute revêtue de vert : un sketch amusant pour expliquer aux enfants comment naissent les plantes.

À quelques kilomètres à peine de là, à Saadnayel, petite ville de 15 000 habitants avec 30 000 réfugiés dans les camps de tentes environnants, c’est le jour du marché. Un marché qui n’existe que depuis l’arrivée des Syriens, et qui attire des milliers de personnes de toute la zone des camps à l’ouest de la Bekaa. Hanan, 21 ans, une licence universitaire en littérature arabe obtenue au Liban, arrive elle aussi de la Syrie, fuyant la guerre. Elle vit dans une tente, entre les camps, 50 dollars par mois à payer au propriétaire du terrain. Quelqu’un a planté de grandes fleurs rouges qui ressemblent à des lys, à l’entrée. La jeune fille a commencé à enseigner toute seule à lire et à écrire aux enfants de la zone, puis elle a arrêté. « Cela ne change rien, ne sert à rien. S’ils se perdent dans le camp, beaucoup d’enfants ne savent même pas écrire leur nom pour se faire reconnaître. Dans les écoles tout autour d’ici, il n’y a pas un système éducatif. L’avenir est perdu », dit-elle. C’est un pessimisme partagé parmi les réfugiés qui vivent dans les camps et les analystes derrière leurs chaires : « Une partie de ces enfants retournera en Syrie et portera un nouveau regard – dit Carole Alsharabati, auteur de la recherche de l’Université Saint-Joseph, mais une autre partie sera sacrifiée : une génération sacrifiée ».

 

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Pour citer cet article

 

Référence papier:

Rolla Scolari, « The Lost Generation », Oasis, année XII, n. 24, décembre 2016, pp. 114-127.

 

Référence électronique:

Rolla Scolari, « The Lost Generation », Oasis [En ligne], mis en ligne le 3 décembre 2021, URL: /fr/refugies-syriens-lost-generation

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