Dernière mise à jour: 22/04/2022 09:52:48
Préface:
S. Romano
Postface:
E. Bianchi
Titre:
Rapporto sulla laicità.
Il testo della commissione
francese Stasi
Editeur:
Libri Scheiwiller, Milano
La Commission propose d'introduire dans un texte de loi portant sur la laïcité» une disposition valable pour les écoles selon laquelle: «dans le respect de la liberté de conscience et du caractère propre des établissements privés sous contrat, sont interdits dans les écoles, collèges et lycées, les tenues et signes manifestant une appartenance religieuse ou politique»; «tenues et signes religieux ostensibles, tels que grande croix, voile ou kippa». Tandis que «médailles, petites croix, étoiles de David, mains de Fatmah ou petits Coran» sont admis parce que discrets. «Cette proposition doit se comprendre comme une chance donnée à l'intégration. Il ne s'agit pas de poser un interdit, mais de fixer une règle de vie en commun» (pp. 75-76). À partir de ces lignes on peut déduire les contenus et les raisons fondamentales que la Commission de réflexion sur le principe de laïcité au sein de la République, voulue par le Président Chirac, a proposés et qui sont à la base d'une nouvelle loi - approuvée ensuite par le Parlement français en 2004 - sur l'utilisation des signes religieux dans les écoles.
L'enjeu est le processus d'intégration entre cultures et religions, qui traverse en ce moment une phase difficile, comme le reconnaît la Commission, caractérisée par une prédominance de formes communautaires qui ont tendance à se replier sur elles-mêmes; la solution invoquée est celle du principe de la «laïcité», comme «valeur fondatrice du pacte républicain» (p. 87) et «principe fondateur de l'école» (p. 67). La laïcité est en effet le fil rouge de la tradition française post-révolutionnaire en matière de relations entre l'Etat et les Eglises, qui a abouti à la loi de séparation de 1905. La laïcité «repose sur trois valeurs indissociables: liberté de conscience, égalité dans le droit aux options spirituelles et religieuses, neutralité du pouvoir politique» (p. 19).
Le discours du Rapport est marqué par une profonde ambiguïté. Le problème central est concentré dans l'idée de "neutralité", qui d'une part signifie qu'il n'y a ni choix préférentiel, ni ingérence dans le domaine religieux, mais qui de l'autre tend aussi à neutraliser l'aspect religieux dans le social, comme (soi-disant) moyen de réalisation du «bien commun» (cf. p 19) et comme garantie de l'unité nationale républicaine. Mais - comme il a été remarqué dans les excellentes observations envoyées par le grand rabbin de France J. Sitruk au Président Jacques Chirac et citées dans l'annexe du volume «la société n'est pas laïque» et «la laïcité est un engagement au pluralisme», et non pas à la neutralisation de la société. Donc, si d'une part l'Etat pour pouvoir exercer ses fonctions se trouve dans la nécessité de n'assumer aucune identité religieuse, d'autre part il n'a aucune raison de manifester une indifférence à l'égard des réalités religieuses reconnues, que ce soit sous forme d'aide donnée à l'exercice effectif de la liberté religieuse et de ses expressions historiques, que ce soit sous forme de reconnaissance et aussi de soutien aux oeuvres que les communautés religieuses accomplissent avec un avantage évident pour le bien commun: «l'Etat, écrit Sitruk, est dans la position de bien savoir quels sont les avantages qu'il reçoit, par exemple, des oeuvres de charité gérées par les religions» et que «les religions encouragent les valeurs objectives considérées essentielles et prioritaires pour le développement de la société» (pp. 103-4). Ce n'est donc pas avec la réduction à l'invisibilité des différences religieuses qui fait quasiment du problème une question d'ordre public que l'on peut gérer au mieux la relation entre pluralité religieuse et unité sociale. Comment ne pas remarquer la foi illuministe surprenante qui caractérise l'horizon culturel du Rapport? Comme si la Dialectique de l'Illuminisme de Francfort n'avait jamais été écrite, comme si un débat plus récent entre néolibéralisme et néocommunitarisme n'avait jamais été fait.