Première partie d’une analyse des principes fondateurs du mouvement formé par les chiites libanais qui sont, depuis longtemps, les maîtres presque incontestés du sud du pays. Nous présentons ici les textes et la question de l’interprétation, ainsi que leur conception de l’ennemi et du « témoignage »

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Dernière mise à jour: 22/04/2022 09:58:12

« Qui sommes-nous et quelle est notre identité ? » s’interrogent les rédacteurs de la lettre ouverte de février 1985, avant de répondre :

Nous sommes les fils de la faction de Dieu et nous nous considérons nous-mêmes comme partie intégrante de la nation musulmane dans le monde, confrontée à l’assaut le plus arrogant de l’impérialisme, en provenance de l’Ouest tout autant que de l’Est, dans le but de la vider de la charge prophétique dont Dieu lui a fait grâce. Dieu lui en fait grâce pour qu’elle devienne la meilleure communauté qui soit apparue à l’humanité : elle prescrit le bien, dissuade du mal et croit en Dieu [1].

C’est au sein de la communauté chiite libanaise que le Hezbollah s’est affirmé comme un acteur central depuis plus d’un quart de siècle[2]. Il émerge dans un contexte de guerre civile et d’agression extérieure. Le climat de violence y est extrême, il n’épargne aucune des parties en présence. Le Liban possède cette particularité d’être un État récent avec des références identitaires qui remontent loin dans le temps. Cet État fait figure d’espace libéral dans le monde arabe, ce qui renforce une fragilité constitutive qui porte des traits hérités de l’empire ottoman et du mandat français : on ne peut y être citoyen qu’au travers d’une communauté confessionnelle. La société a donné des témoignages d’un dynamisme peu commun, elle est en même temps sujette à une forte émigration et étouffé par une dette colossale.

 

Mettre en perspective historique un credo relève de la gageure. La notion de l’engagement combattant est ici posée dès l’acte fondateur. Elle implique une conception spécifique du rapport au Dieu professé, aux hommes et à l’avenir, repérable dans les textes produits par les responsables du Hezbollah, en particulier dans les manuels de formation des militants. Pour bien saisir les enjeux, il faut d’abord s’interroger sur les médiations qui permettent de parler de « Dieu » ; il faut ensuite délimiter la nature de l’effort exigé, dont rend compte le terme de jihâd ; il faut enfin esquisser les représentations de la « vie future ».

 

La formule la plus courante, dans les productions musulmanes, pour évoquer le support de ce qui est considéré comme la parole de Dieu adressée à Muhammad est : al-Qur’ân al-Karîm, « le Noble Coran ». Or, une expression peu commune est employée dans un manuel de formation des militants, celle de « textes coraniques » (al-nusûs al-qur’âniyya)[3]. Comment interpréter ce pluriel ? Une réponse est donnée par la tradition musulmane elle-même. Pour conserver une parole transmise oralement, les Compagnons de Muhammad ont opéré des recensions parmi lesquelles celles d’Abû Bakr, qui a servi de référence pour l’établissement de la vulgate ‘uthmânienne, celle d’Ibn Mas‘ud qui, en dépit du pouvoir, a été en usage dans certains lieux jusqu’au Xe siècle, celle de ‘Alî, défendue par les chiites. D’après les sources à la disposition des chercheurs, des différences peuvent apparaître en matière de contenu. Ainsi peut-on lire dans la sourate 103 selon la vulgate : « Par le destin ! L’Homme est en perdition. Sauf ceux qui ont cru, qui ont accompli des œuvres pies, etc… ». L’orientation est différente dans la recension attribuée à ‘Alî : « Par le destin ! Par les vicissitudes du sort ! L’Homme est en perdition, et il y est pour jusqu’à la fin des temps »[4].

 

Plusieurs siècles ont été nécessaires pour que la vulgate soit acceptée de tous les musulmans. Des Compagnons de Muhammad, certains khârijites et des penseurs mu‘tazilites ont mis en doute son authenticité. Les opposants les plus déterminés ont été les chiites. Pour ces derniers, la vulgate ‘uthmânienne était une version censurée et falsifiée de la « Parole » exprimée par Muhammad. Ils affirmaient que seul ‘Alî détenait la recension complète contenant des versets dans lesquels le cousin et le gendre du prophète de l’ Islam, ainsi que ses descendants – notamment Fâtima et les imâms- étaient cités comme des modèles et des guides de la communauté musulmane. D’autres versets, ajoutaient-ils, dénonçaient les responsables de la tribu de Quraysh et leur traîtrise à l’égard de Muhammad et de ce qu’il annonçait. D’autres enfin auraient contenu « sous une forme condensée ou symbolique, les mystères du ciel et de la terre, les événements du passé, du présent et de l’avenir »[5]. Les compilations anciennes de hadiths chiites (IXe-Xe siècles) contiennent des citations de ce qui est compris comme un « Coran intégral ». Mais la version attribuée au 3e calife a fini par s’imposer chez les chiites duodécimains à la fin du XIe siècle, après « l’occultation » du dernier Imâm.

 

À l’inverse, la critique reste vive à l’encontre du Hadith et du Athar. Pour illustrer les préventions à l’égard des récits véhiculés par la tradition sunnite – qui n’est jamais explicitement nommée –, les rédacteurs du manuel al-Sîra wa al-Târîkh reviennent sur l’épisode du Isrâ’ et du Mi’râj, « voyage nocturne » de Muhammad depuis La Mecque jusqu’à Jérusalem puis « ascension » à travers des « cieux » successifs[6]. Ce qui est contesté, c’est le témoignage de ‘Âi’sha qui, étant devenue l’épouse de Muhammad après son établissement à Médine, ne peut pas avoir témoigné de ce qui s’est passé au cours d’une nuit située par les commentateurs avant l’hégire[7]. Par cet exemple, c’est une partie du contentieux entre chiites et sunnites qui transparaît, dont la « bataille du chameau » fut un des premiers sommets. Les propos attribués aux Imâms, plutôt que les recueils de Bukhârî et de Muslim[8], constituent ainsi la matière de référence pour évoquer les premiers siècles de l’Islam.

 

 

Prophètes et imams

La formation des militants du Hezbollah, conforme en cela à celle de l’ensemble des chiites, se fonde sur une « vision duelle » et « dualiste » distinguant l’ésotérique-caché (bâtin) et l’exotérique-apparent (zâhir). D’un côté, la transcendance fait de « Dieu » l’inconnaissable absolu, celui devant qui le mystère reste total ; de l’autre, il est celui qui peut se faire connaître, celui qui peut se manifester, cette ligne d’horizon pour toute la création. L’expression théophanique la plus achevée, selon les chiites, est l’ « Imâm de Lumière »[9]. Cet être cosmique possède lui aussi deux dimensions. L’une est voilée, l’autre visible prenant la figure des « amis de Dieu », les Imâms qui conduisent les croyants musulmans aux différentes époques d’une histoire sacralisée. Il est possible d’entendre, lors de l’appel à la prière : La illâh illâ Allâh, Muhammad rasûl Allâh, ‘Alî waliyy (« nommé [par Dieu] », avec l’idée de succession du prophète de l’ Islam) Allah[10] ou bien ‘Alî hujjat (« preuve ») Allâh. Alî et ses successeurs sont dits m‘asûm, « infaillibles » et « dotés de vertus ».

 

Selon cette lecture théologique et téléologique du temps, chaque prophète est flanqué d’un ou plusieurs Imâms : Seth pour Adam ; Sem pour Noé ; Aaron (ou Josué) pour Moïse, Simon-Pierre (ou les apôtres) pour Jésus ; ‘Alî pour Muhammad. Le premier, par le tafsîr, exprime la parole dans son sens obvie, le second, par le ta’wîl, est chargé d’en exprimer le sens caché. ‘Alî exerce un rôle central : 1- « nommé [par Dieu] » ; 2- « Imâm » de Muhammad dont il est le cousin et le gendre ; 3- compilateur de la seule recension coranique intégrale, mais l’ayant transmise en secret par crainte de destruction ; 4- victime d’un assassinat ; 5- père des imâms Hassan et Husayn et, à ce titre, fondateur d’une lignée de sept ou douze Imâms qui sont seuls à même d’interpréter correctement le texte. Le dernier Imâm, le Mahdî, douzième de la lignée, est considéré comme « occulté » depuis 941. La ghayba désigne la période historique s’étendant du moment de cette « occultation » jusqu’à sa « réapparition » à la « fin des Temps ». Cette occultation dite « majeure » (ghayba kûbra) a été précédée par une « occultation mineure » (ghayba sughrâ) de 874 à 941, durant laquelle l’Imâm était représenté par des wakîl-s, à travers lesquels il maintenait ses relations avec les chiites. Pendant un millénaire, sauf exception – l’Egypte des Fatimides par exemple-, la tension entre sharî‘a et intériorité religieuse s’est davantage exercée au profit de la seconde. Mais, en 1979, la révolution khomeyniste a renversé l’équilibre des termes[11].

 

Les cadres du Hezbollah estiment que la position quiétiste adoptée par des chiites est erronée, ils réclament une préparation active de l’« avènement » de l’Imâm qui passe par l’établissement d’un « régime islamique » fondée sur l’autorité du « juriste théologien ». Ils insistent sur le travail éducatif à accomplir par les fidèles dans l’attente de « l’avènement du Mahdî et [de] la mise en place de son projet divin […] seule voie possible pour sortir les gens de l’obscurité vers la lumière » : « Présenter une image lumineuse et pure de l’ Islam au monde par le biais de notre comportement, nos positions et notre jihâd »[12].

 

Le jihâd al-nafs (« effort de soi »), premier dans l’ordre d’importance, est présenté comme le fondement de la réussite de l’homme, dans une situation de paix comme dans une situation de guerre. Dans les écrits du Hezbollah, cet « effort de soi » est systématiquement associé à al-jihâd al-‘askarî (« l’acte guerrier ») qui a permis aux combattants, débarrassés de toute « lâcheté », d’être vainqueurs[13]. Cet « acte guerrier » se décline de deux manières : « initial » et « défensif ». Le jihâd « initial » a pour but de répandre l’ Islam suivant le modèle des conquêtes entreprises par Muhammad. Le jihâd « défensif » est « accompli par les musulmans pour se défendre et défendre leurs patries lorsqu’ils sont attaqués par les ennemis de l’ Islam, comme les guerres du prophète [de l’ Islam] contre les idolâtres à Badr, Uhûd et Hunayn et comme le jihâd de la résistance islamique contre l’occupation sioniste violatrice de la terre et des choses sacrées ». Les deux ont un caractère « obligatoire » (fard ; wâjib). En y ayant recours, dans la continuité du discours khomeyniste, Hassan Nasrallah vise Israël, le « Grand Satan » américain, les « gouvernants tyranniques et corrompus, qui causent du tort aux musulmans[14] et qui sont en contradiction avec l’intérêt de l’ Islam et des musulmans ». Nasrallah assimile le combat au Liban et en Palestine au jihâd défensif. Il s’agit d’un devoir collectif (fard kifâ'î) aux formes variables (dons, armes, médias, sang versé) :

ce jihâd défensif dépend des besoins du front, c’est-à-dire que si un jour nous avons besoin d’affronter l’ennemi au point que les hommes et les femmes majeurs, travailleurs, et même les malades, portent les armes pour combattre cet ennemi et que la résistance du front dépende de la participation de tous, tous, hommes et femmes doivent participer et cette question n’a pas besoin d’une permission de l’Imâm infaillible ou de Son délégué particulier, ou de Son délégué général.

Des conditions sont requises : « obéir au guide » ; être « pieux », « loyal » (envers Dieu et par suite, envers sa patrie ou sa communauté) ; être « militairement prêt » ; « citer Dieu » à qui, seul, revient la victoire[15].

 

 

Trois tribus juives

La lutte contre l’ « ennemi » est au cœur du dispositif doctrinal du Hezbollah, elle est l’un des buts du gouvernement islamique idéal. Il en a été ainsi, expliquent les formateurs du « parti de Dieu », depuis les fondations de l’ Islam jusqu’à nos jours. En ce sens, les Juifs sont présentés comme « ceux qui ont le plus haï l’ Islam et les musulmans » depuis son apparition, parce que Muhammad aurait invité « les hommes à une religion qui est un système englobant » sans le conformer à leurs « ambitions ». Les rédacteurs des manuels de formation des militants expliquent encore que les Juifs ont « constaté que [l’ Islam] refusait d’accorder des privilèges selon des principes raciaux » et qu’ils ont commencé « à se dresser comme ennemis contre le Prophète » parce qu’ils ont eu « le sentiment qu’ils allaient perdre leur domination sur la région et sur les païens ».

 

Le fond de l’antagonisme, ainsi présenté, réside dans une « jalousie à l’encontre des Arabes » bénéficiant de succès initiaux. Ils ont donc « pris à partie » Muhammad qui leur proposait « d’entrer dans l’ Islam » et, nourris de « ressentiment », ils n’ont cessé de s’y opposer par tous les moyens, en exerçant une « pression économique sur les musulmans », en suscitant des divisions entre eux et avec les païens, en les poussant à abandonner le jihâd. Ne pouvant tolérer un « ennemi de l’intérieur », Muhammad a donc éliminé les trois tribus juives (Banû Qaynuqâ’ ; Banû Nadîr ; Banû Qurayza) dont la « perfidie » est racontée par le détail jusqu’à leur défaite finale, soit leur « soumission » grâce à « l’intervention divine ». Et les rédacteurs de se référer à la sourate « La Génisse » : « ils » sont restés « incrédules » devant « une Écriture déclarant véridiques les messages détenus par eux », que « la malédiction d’Allah soit sur les Incrédules »[16]. Le combat contemporain contre Israël, « par les armes, par les médias, par la politique, par la sécurité, par l’économie », est à remettre dans cette perspective. Qualifié d’« entité sioniste raciste » pratiquant le « terrorisme », jamais défini en tant qu’« Etat », Israël est présenté comme la source de la plupart des maux, avant-garde des « puissances impérialistes » qui ont implanté « une entité étrangère à la région, […] un cancer qui se propage dans le corps de l’oumma arabe et islamique pour la morceler, la diviser et dominer ses ressources »[17].

 

Mais il est un autre « ennemi », interne au monde musulman celui-ci qui, dans la représentation des membres du Hezbollah prend racine chez les Umayyades qui ont fait échec à ‘Alî et à ses successeurs, avec pour rameau contemporain les wahhabites d’Arabie saoudite : « Yazîd et ceux qui lui ont succédé, […] qui ont violé le califat et qui ne représentent en aucun cas l’ Islam ». « Gengis Khan, Haroun al Rashid [et] les califes traîtres » sont situés dans ce même registre, ils sont présentés, hors de tout cadre chronologique comme « corrompus, injustes, et […] très souvent les collaborateurs de l’Est ou de l’Ouest, mettant en pratique leurs politiques arrogantes »[18]. Une telle représentation participe de l’écrasement de l’histoire auquel les rédacteurs des manuels ont recours à maintes reprises pour justifier la lutte menée depuis les débuts du chiisme contre les « tyrans » et les « injustes », « usurpateurs » d’un pouvoir qui aurait dû revenir aux douze Imams.

 

Ceux qui trouvent la mort pendant l’accomplissement du jihâd sont des « martyrs ». Ce martyre est conçu comme un témoignage sacrificiel, une transfiguration de la souffrance terrestre en félicité éternelle ; c’est une mort purificatrice et sacrée qui exprime, citation coranique à l’appui, l’amour pour le Dieu professé (hubb Allâh) par le don de sa vie : « Et ne dites pas de ceux qui sont tués dans le sentier d’Allah qu’ils sont morts. Au contraire, ils sont vivants, mais vous en êtes inconscients »[19]. Ou encore : « Qu’ils combattent donc dans le sentier de Dieu, ceux qui troquent la vie présente contre la vie future. Et quiconque combat dans le sentier de Dieu, tué ou vainqueur, nous lui donnerons bientôt une énorme récompense »[20]. Les dépouilles des « martyrs » ne sont pas lavées avant l’enterrement, parce qu’elles ont été purifiées dans le sacrifice et quiconque touche le corps d’un « martyr » n’a pas l’obligation de refaire ses ablutions[21]. La conviction est celle d’une accession directe au Paradis. Les victimes des bombardements sont inscrites dans ce Salut. Cette conception s’inscrit dans l’histoire chiite qui commence véritablement avec la mort de Husayn, fils de ‘Alî et petit-fils de Muhammad, lors de la bataille de Karbala. Sa « position, exprimant le refus et la confrontation » (mawqaf al-rafd wa-l muwâjaha) est glorifiée. La célébration publique de ‘Achoura, qui commémore l’événement, n’a cessé de prendre de l’importance depuis un quart de siècle[22]. Pour le Hezbollah, Karbala constitue « le cri de la conscience de l’oumma, faisant trembler les trônes des tyrans au fil des siècles » : le sang versé de Husayn l’emporte sur l’épée de Yazîd qui l’a tué.

 

 

Des jeunes envoyés en Iran

La thématique du shahîd est centrale dans la mesure où, selon les cadres du Hezbollah, la capacité à donner sa vie sans hésiter pour la cause est ce qui fait la différence essentielle entre leurs combattants et les soldats ennemis. « Le secret de la Résistance réside dans ‘Achoura » (19 mai 1996) affirme Nasrallah pour qui l’étendard de Husayn est toujours levé, transmis de génération en génération jusque, selon al sayyed al qa'îd [Khamenei], « au jour de la Résurrection ». L’amour du martyre est vu comme une arme, parfois supérieure à toutes les autres parce qu’elle ne peut être muselée ou vaincue : « L’arme du martyre, nous pouvons tous la détenir, pour devenir selon le concept du martyre les forts qui font l’Histoire, et non les faibles que l’Histoire oublie, que Dieu refuse et qui perdent ainsi la vie d’ici-bas et l’au-delà ». L’élan vers le martyre ne doit cependant pas être aveugle et il ne doit pas constituer une fin en soi, précise Qasîm : c’est à la fois l’arme de celui qui ne possède pas les moyens techniques pour combattre à égalité son « ennemi », et l’ultime recours. En ce sens, cette arme du « déshérité » est censée rétablir une partie du déséquilibre des forces militaires et valoriser le courage héroïque de ceux qui se sacrifient face à ceux qui comptent leurs morts[23]. Les jeunes sur lesquels le « Parti » a un projet sont l’objet d’une enquête de comportement, avant sélection et envoi en Iran pour préparation au combat.

 

Les éléments de justification visent à contrer les critiques de savants musulmans pour qui ce type de « martyre » est assimilé à un « suicide », donc considéré comme illégal du point de vue de la sharî‘a. Le débat se poursuit et les responsables du Hezbollah maintiennent leur lecture. Au demeurant, le succès de la rubrique « Les biographies des martyrs, mémoire de la Résistance » dans al-‘Ahd[24], ainsi que des testaments et autres éloges funèbres retransmis à la télévision ou sur internet, montrent que leurs sympathisants sont sensibles au discours. Quant à l’Organisation du Martyr, elle ne récompense pas toutes les familles de la même façon : les veuves et les enfants des « martyrs de la résistance » obtiennent un logement complété par une allocation mensuelle et leurs parents une somme d’argent, mais seuls les veuves et les enfants des civils qui sont des victimes involontaires reçoivent une somme d’argent. Il y a peut-être là une manière d’anticiper, dès le monde infralunaire, la hiérarchie des « sept Cieux » à gravir.

 

 

Les opinions exprimées dans cet article n’engagent que la responsabilité les auteurs et ne reflètent pas nécessairement la position de la Fondation Internationale Oasis

[1] Traduction intégrale et inédite dans Dominique Avon et Anaïs-Trissa Khatchadourian, Le Hezbollah. De la doctrine à l’action : une histoire du « parti de Dieu », Seuil, Paris 2010.

[2] Richard Augustus Norton, Hezbollah, Princeton University Press, Princeton 2009 (5e éd.).

[3] Durûs fî Usûl al-‘aqîda al-islâmiyya (« Leçons sur les principes du dogme islamique »), Jama‘iyya al-ma‘ârif al-islâmiyya al-thaqâfiyya, Beyrouth 1999, 6.

[4] Régis Blachère, Introduction au Coran, Maisonneuve & Larose, Paris 1991 (1959), 50. Mise au point synthétique et actualisée : Claude Gilliot, « Une reconstruction critique du Coran ou comment en finir avec les merveilles de la lampe d’Aladin ?», in M. Kropp (ed.), Results of contemporary research on the Qur’an. The question of a historico-critical text, Orient Institut/Ergon Verlag, Beyrouth/Würzburg 2007, 33-137.

[5] Mohammad Ali Amir-Moezzi (dir.), Dictionnaire du Coran (article « chiisme »), Paris, Robert Laffont, Paris, 2007, 161.

[6] Une des versions les plus connues est celle attribuée à Ibn ‘Abbas : Kitâb al-isrâ’ wa al-mi‘râj. Elle a notamment été éditée par Maktaba al-ta‘âûn.

[7] Al-Sîra wa al-Târîkh (« La Biographie [de Muhammad] et l’Histoire »), Jam‘iyyat al-ma‘ârif al-islâmiyya al-thaqâfiyya, Beyrouth, s.d., 11.

[8] Sur les débats internes au milieu sunnite concernant le Hadith, cf. Robert Caspar, Traité de théologie musulmane. Tome 1 Histoire de la pensée religieuse musulmane, P.I.S.A.I., Rome 1996, 150 sq.

[9] Mohammad Ali Amir-Moezzi et Christian Jambet, Qu’est-ce que le shî’isme ?, Fayard, Paris 2004, 32.

[10] Cette formule est d’ailleurs gravée sur un mur de la mosquée Ibn Tulun du Caire.

[11] Yann Richard, L’Iran. Naissance d’une république islamique, La Martinière, Paris 2006, 313-315.

[12] Al-ma‘arif al-islâmiyya, (« Les notions islamiques »), Jama‘iyyat al-ma‘ârif al-islâmiyya al-thaqâfiyya, Beyrouth, s.d, 344 sq.

[13] Na’îm Qâsim, Hizballah, al-minhaj, al-tajriba, al-mustaqbal, Dâr al-Hâdî, Beyrouth 2008 (4e éd.), 46-69.

[14] Sont ici visés : les accords de Camp David de 1979, le traité libano-israélien du 17 mai 1983 et tous les accords ou pourparlers entre les Etats arabes (plus généralement les Etats de l’OCI) et Israël.

[15] Al-ma‘arif al-islâmiyya, 73-77 et 271-274.

[16] Coran 2,89-90.

[17] La plupart des citations sont extraites de Al-Sîra wa al-Târîkh, 106-125.

[18] Durûs fî Usûl al-‘aqîda al-islâmiyya, 162.

[19] Coran 2,154.

[20] Coran 4,74.

[21] Al-ma‘arif al-islâmiyya, 197.

[22] Mehdi Mozaffari, Pouvoir shî’ite – Théorie et évolution, L’Harmattan, Paris 1998, 140.

[23] Al-ma‘arif al-islâmiyya, 79-82.

[24] Olfa Lamloum, « Le Hezbollah au miroir de ses médias », dans Sabrina Mervin (dir.), Le Hezbollah. Etat des lieux, Sindbad/Actes Sud, Arles 2008, 32.

Pour citer cet article

 

Référence papier:

Dominique Avon, « Nous, les fils de la meilleure communauté », Oasis, année VI, n. 12, décember 2010, pp. 98-102.

 

Référence électronique:

Dominique Avon, « Nous, les fils de la meilleure communauté », Oasis [En ligne], mis en ligne le 1 décembre 2010, URL: https://www.oasiscenter.eu/fr/chiites-hezbollah-fils-meilleure-communaute

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